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Profils étiologiques de la fièvre sur cardiopathie valvulaire en hospitalisation de cardiologie à Ouagadougou.

Etiologies of fever in patients with valvular heart disease hospitalized in Cardiology in Ouagadougou.

  

THIAM A1,2 , KOLOGO K J1,2, MILLOGO GRC1,2,  KAGAMBEGA LJ2, BENON L,2, KABORÉ E2,  YAMEOGO NV 1,2, SAMADOULOUGOU AK1,³,  ZABSONRE P1, 2.

 

 

RESUME

Introduction : les valvulopathies sont des affections fréquentes pouvant être congénitales ou acquises. Leur manifestation clinique peut parfois s’accompagner de fièvre. Notre étude s’est intéressée au diagnostic étiologique de la fièvre chez les patients valvulaires en hospitalisation de cardiologie au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.

Méthodologie : il s’est agi d’une étude transversale rétrospective, sur six ans. Elle concernait tous les patients hospitalisés dans le service de cardiologie, durant la période d’étude.

Résultats : Pendant la période d’étude, 3142 patients ont été hospitalisés dans le service de cardiologie et 363 parmi eux portaient une valvulopathie. Parmi ces patients valvulaires, 97 ont été hospitalisés pour une fièvre, soit 26,72%. La moyenne d’âge des patients était de 37,5 ans avec des extrêmes de 15 et 82 ans. Le sex-ratio était de 0,79. Les atteintes mitrales et aortiques étaient les plus fréquentes. On notait une fièvre due à une affection intercurrente appelée dans notre travail « fièvre-association » chez 28,86% des patients, et une fièvre liée à une complication de la cardiopathie ou  « fièvre complication » chez 34,02%. Dans 17,53% des cas, les étiologies étaient intriquées, et dans 19,59% des cas, l’étiologie était indéterminée. Les étiologies de fièvre-association étaient diverses. Les pneumopathies venaient en tête avec 19 cas, suivies des infections urinaires avec 10 cas  et du paludisme avec 8 cas.

Les étiologies de fièvre-complication étaient dominées par l’endocardite infectieuse (75,75%), venaient ensuite, l’évolutivité rhumatismale (15,15%) et la thrombose intra cavitaire (9%). Dans les deux groupes d’étiologies bien identifiées, l’endocardite infectieuse était incriminées chez 41 patients soit 82%. Dans ces cas, les hémocultures avaient été réalisées chez 34 patients, elles étaient positives chez 10 patients soit 29,4 %. Les germes isolés étaient  le Pseudomonas sp (30%) et le Staphylococcus aureus (20%). Les autres germes étaient le Proteus mirabilis, le Klebsiella pneumoniae, l’Enterobacter cloacae, le Bacillus sp,et le Aeromonas hydrophila.  Les thérapeutiques utilisées étaient l’antibiothérapie, suivie des antipaludiques dans la majorité des cas. L’évolution était favorable dans 85,5% des cas. L’endocardite infectieuse avait une létalité de 19,51%.

Conclusion : la fièvre sur cardiopathie valvulaire est fréquente et ses étiologies sont variées. L’endocardite infectieuse est la complication majeure et contribue significativement à sa mortalité. 

 

MOTS CLES

Fièvre, valvulopathie, affection intercurrente, complication.

 

SUMMARY

Introduction: Valvular heart diseases are common conditions that can be congenital or acquired. Their clinical manifestations are sometimes accompanied by fever. Our study focused on the etiologies of fever in patients with valvular heart disease hospitalized in the cardiology department at the University Hospital Yalgado Ouédraogo.

Methodology: This was a retrospective cross-sectional study conducted over six years (2015-2020). It included all patients hospitalized in the cardiology department during the study period who had a confirmed valvular heart disease.

Results: During the study period, 3142 patients were hospitalized in the cardiology department, and 363 of whom had a valvular heart disease. Among these valvular patients, 97 had a fever, representing a prevalence of 26.72%. The average age of the patients was 37.5 years, with a range of 15 to 82 years. The sex ratio was 0.79. Aortic and mitral valve involvement was the most common. Fever was classified as 'association' (due to an intercurrent pathology) in 28.86% of patients, and 'complication' (related to the valvular heart disease) in 34.02%. In 17.53% of cases, the fever types were mixed, and in 19.59% of cases, the etiology was undetermined. Among the fever association etiologies, lung disease was the most frequent, 19 patients, followed by urinary infections, 10 patients and malaria, 8 patients. The etiologies of fever complication were dominated by infectious endocarditis (75.75%); followed by rheumatic activity (15,15%) and intracavitary thrombosis (9 %)..In the two groups of etiologies, endocarditis was the etiology in 41 patients, 82%. In cases of endocarditis, blood cultures were performed in 34 patients (82.93%). Among positive blood cultures (10 cases), 29,4%, the most frequently isolated pathogens were Pseudomonas sp (30%) and Staphylococcus aureus (20%). Other isolated pathogens included Proteus mirabilis, Klebsiella pneumoniae, Enterobacter cloacae, Bacillus sp, and Aeromonas hydrophila. Treatments included antibiotic therapy, followed by antimalarials in most cases. The outcome was favorable in 85.5% of cases; infectious endocarditis had a fatality rate of 19, 51%.

Conclusion: Fever in patients with valvular heart disease is common and its etiologies are varied. Infectious endocarditis is a major complication and contributes significantly to mortality.

 

 

 KEY WORDS

 Fever, valvular heart disease, intercurrent pathology, complication.

 

 

1. Unité de Formation et de Recherche en Science de la Santé (UFR/SDS) / Université Joseph KI-ZERBO

2. Service de Cardiologie du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou

3. Service de Cardiologie du Centre Hospitalier Universitaire de Bogodogo, Ouagadougou

 

 

Adresse pour correspondance 

Dr Anna THIAM  

Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou

Tel (00226) 70 33 34 00 

Email : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

Les valvulopathies peuvent être congénitales ou acquises. Elles sont responsables d’une morbidité importante, leur symptomatologie est variée. L’association d’une fièvre à une valvulopathie pose très souvent le problème de son diagnostic étiologique. L’apparition d’une fièvre peut être due soit à une complication de la pathologie valvulaire ou être liée à l’apparition d’une maladie intercurrente en association à la pathologie valvulaire. L’endocardite infectieuse demeure une hantise chez le cardiologue devant toute fièvre sur valvulopathie, et donc la première étiologie évoquée devant toute valvulopathie fébrile. Dans le monde, en Afrique et au Burkina Faso, plusieurs études ont été menées concernant la fièvre sur valvulopathies [1, 2, 3]. Très peu d’études se sont intéressées d’une manière spécifique aux étiologies de la fièvre sur valvulopathie, insistant pour la plupart sur l’endocardite infectieuse. L'objectif de ce travail était d'étudier le profil étiologique de la fièvre chez les patients porteurs de valvulopathies en hospitalisation de cardiologie du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).

 

 

 MATERIELS ET METHODES

 

 

 

Notre étude s’est déroulée dans l’unité d’hospitalisation du service de cardiologie du CHU-YO; Il s’est agi d’une étude transversale, rétrospective sur une période de six (6) ans, du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2020. La population d’étude était constituée de l’ensemble des patients admis en unité d’hospitalisation de cardiologie.

Ont été inclus dans l’étude, les patients ayant été hospitalisés dans le service de cardiologie, durant la période d’étude, porteurs d’une

Adresse pour correspondance 

Dr Anna THIAM  

Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou

Tel (00226) 70 33 34 00 

Email : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.

 

 

valvulopathie confirmée sur la base de la présence d’un signe auscultatoire et de l’échocardiographie Doppler transthoracique ainsi que les patients valvulaires ayant présenté une fièvre comme motif d’hospitalisation ou objectivée par la prise effective de la température à l’admission ou pendant l’hospitalisation; les patients valvulaires fébriles dont les dossiers étaient introuvables ou inexploitables n'ont pas été inclus dans notre étude.

Les données ont été saisies sur un microordinateur et analysées à l’aide du logiciel Epi info version 3.5.7 ; les tableaux et figures ont été conçus grâce au logiciel Microsoft Excel.

 

Définitions opérationnelles

 

Fièvre-complication : il s’agit de la survenue d’une complication liée au terrain de valvulopathie telle qu’une endocardite infectieuse, une évolutivité rhumatismale, une thrombose cavitaire cardiaque

Fièvre- association : il s’agit l’association d’une pathologie intercurrente non expliquée par le terrain de la valvulopathie, pouvant être à l’origine de la fièvre telles qu’un paludisme, une pneumopathie, une infection urinaire, une gastro-entérite etc…. 

 

 

 

RESULTATS

 

 

Aspects épidémiologiques

 

Durant notre période d’étude, 3142 patients ont été hospitalisés dans le service de cardiologie, 363 étaient porteurs de valvulopathie soit 11,55% et parmi ceux-ci, 97 répondaient à nos critères d’inclusion soit 26,72% de fièvre chez les patients valvulaires en hospitalisation de cardiologie.

L’âge moyen des patients hospitalisés pour valvulopathie fébrile était de 37,5 ans avec des extrêmes de 15 et 82 ans et un écart type de 17,67. La tranche d’âge des 26-35 ans était majoritaire  (Figure 1) .Notre échantillon comptait 54 femmes et 43 hommes, soit un sex-ratio (H/F) de 0, 79.

 

Aspects cliniques

 

Nous avons retrouvé des antécédents d’angine à répétition chez 10 patients (10,42%). Un antécédent de rhumatisme articulaire aigu a été retrouvé chez 10 patients soit 10, 31% de nos patients. Nous avons trouvé une valvulopathie préexistante chez 30 patients, soit 32% de notre échantillon. A leur admission, 56,47% des patients rapportaient déjà une notion fièvre au long court.

L’examen clinique a relevé des signes d’insuffisance cardiaque chez 94 patients (96,91%). Une dyspnée était présente chez 87 patients (92,55 %), des râles crépitants chez 53 patients (56,38 %), des œdèmes des membres inférieurs chez 37 patients (39,36 %), la turgescence des veines jugulaires chez 36 patients (38,29 %), un reflux hépato-jugulaire chez 25 patients (26,59 %).

Un souffle avait été retrouvé chez 93 patients (95,87%) ; il était présent au foyer mitral dans 78,89% des cas (71 patients), au foyer aortique dans 42,22% des cas (38 patients) et au foyer tricuspidien dans 5,55% des cas (5 patients).

Une porte d’entrée avait été retrouvée chez 22 patients (22,68%). Une porte d’entrée ORL était incriminées chez 14 patients (63,63 %), et une porte d’entrée bucco-dentaire chez 6 patients (27,27 %). Les portes d’entrée urinaire, gynécologique étaient chacune retrouvée chez un patient  (4,54%).

 

Aspects paracliniques

 

La numération de la formule sanguine a retrouvé une anémie chez 65 patients, soit 67 %. Une hyperleucocytose était retrouvée chez 18 patients (18,55 %) de nos patients

Un bilan inflammatoire complet avait été réalisé chez 54 patients (55,67%) ; 14 patients avaient réalisé un bilan biologique complet et 37 patients, partiellement. Trois patients n’ont rien réalisé de ce bilan faute de moyens financiers.

La vitesse de sédimentation était revenue accélérée chez 29 patients, la CRP élevée chez 35 patients, la fibrinémie augmentée chez 9 patients. Les anticorps anti streptolysine O étaient positifs chez 7 patients (18,91%)  à deux reprises sur 37 patients fébriles chez qui ils avaient été réalisés.

Le test de Covid 19 était positif chez 14 patients, tous durant l’année 2020.

Les hémocultures avaient été prescrites chez 60 patients, réalisées chez 34 patients. Elles étaient positives dans 10 cas.

L’échocardiographie Doppler transthoracique a révélé une atteinte polyvalvulaire chez 55 patients soit 56,7 % des patients et une atteinte mono-valvulaire chez 42 patients. Les atteintes mono-valvulaires comportaient 26 cas d’atteinte mitrale (61,9 %) et 15 cas d’atteinte aortique (35,71%) et une atteinte tricuspidienne (2,38%).

Concernant les atteintes mitrales, il s’agissait d’une insuffisance mitrale chez 18 patients (69,23 %), une maladie mitrale chez cinq patients (19,23 %) un rétrécissement mitral chez 3 patients (11,53 %).

Les atteintes aortiques étaient présentes chez 15 patients et étaient à type d’insuffisance aortique était présente chez 14 patients (93,33%), et la maladie aortique chez une personne (6,66 %). Aucun cas de rétrécissement aortique isolé n’a été noté.

Pour les polyvalvulopathies, les associations IAo-IM, IAo- IM-IT, MAo -MM sont les plus fréquentes, avec respectivement 18 patients (32,72%), 9 patients (16,36%), et 9 patients  (16,36 %). (Tableau 1)

L’étiologie de l’atteinte valvulaire n’était pas explicitement mentionnée sur les échographies cardiaques  de 70 patients cas (72,16%). Elle était étiquetée chez 27 patients, il s’agissait d’atteintes rhumatismales dans 20 cas (74,07 %), dégénératives dans cinq (5) cas (18,51 %). Dans un cas (3,7 %), il s’agissait de cardiopathie congénitale et mixte dans un  cas (3,7 %).  

Des végétations ont été retrouvées chez 38 patients soit 39,17 % des patients. Elles siégeaient sur les valves mitrale, aortique et tricuspidienne dans respectivement 18 cas (47,36%), 17 cas (44,73 %), et 3 cas (7,89 %).

La présence d’un thrombus a été notée chez 12 patients. Il était retrouvé dans l’OG, l’OD et le VG dans respectivement 6 cas (50%), 3 cas (25%) et 3 cas (25%).

L’échographie cardiaque avait par ailleurs mis en évidence plusieurs autres signes dont l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) chez 23 patients, une dilatation des cavités gauches chez 14 patients et une altération de la fraction d’éjection du ventricule gauche chez 11 patients (Figure 2).

Sur 97 patients, 83 disposaient d’un électrocardiogramme. Les troubles du rythme (TDR) étaient retrouvés chez 29 patients. Ces troubles du rythme étaient à type d’arythmie complète par fibrillation auriculaire (ACFA) étaient au nombre de 20 suivis des extrasystoles ventriculaires (ESV), au nombre de 7. Des troubles de la conduction (TDC) chez 11 patients.

Les autres signes retrouvés à l’ECG étaient principalement, l’hypertrophie auriculaire droite (HAD) dans 7 cas, l’hypertrophie auriculaire gauche (HAG) de 21 patients , l’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG), 19 patients, l’hypertrophie ventriculaire droite dans cinq (5) cas, le bloc de branche droit dans cinq (5) cas et le bloc de branche gauche dans cinq (5) cas également, un hémibloc antérieur (HBA) deux (2) cas. Ces signes étaient présents de manière isolée ou associée chez les patients.

La radiographie pulmonaire a été réalisée chez 27 patients. Parmi eux, trois (3) avaient une radiographie normale. On notait  11 cas de pleuro-pneumopathies en faveur des signes de Covid 19 ,7 cas de broncho-pneumopathies, et 2 cas de tuberculose pulmonaire. Chez 4 patients la radiographie n’a pas permis d’orienter vers un diagnostic.

La Tomodensitométrie réalisée chez 18 patients suspects de Covid 19, a permis une affirmation de ce diagnostic de Covid 19 chez 14 patients.

 

Aspects étiologiques

 

Les différents diagnostics de la fièvre étaient dominés par la fièvre-complication .Notons que dans 19,59 % des cas l’étiologie étaient indéterminée (Tableau 2).

 Les différentes étiologies de la fièvre association étaient les pneumopathies dans 19 cas dont 14 cas (73%) de Covid 19, les infections urinaires dans 10 cas et le paludisme dans 8 cas. (Figure 3). Ces pathologies intercurrentes étaient isolées ou associées chez les patients. Les associations les plus fréquentes étaient les pneumopathies et les infections urinaires, suivis du paludisme et de la gastro-entérite puis des infections génitales et urinaires. 

Considérant le groupe des patients dont l’étiologie était clairement retrouvée (étiologie fièvre-complication et fièvre d’origine mixte dont l’effectif était des 50 patients), les endocardites infectieuses représentaient 41 cas, soit 82 %, l’évolutivité rhumatismale dans 8 cas (soit 16 %), et une thrombose intra-cavitaires chez 5 cas (10 %).

Considérant seulement le groupe des fièvre-complication, Sur un effectif de 33 patients, l’endocardite infectieuse était le diagnostic étiologique chez 25 patients (75,75%), 5 patients (15,15 %) avaient une évolutivité rhumatismale et 3 (9%) avaient une thrombose intra cardiaques.

Dans tous les cas d’endocardite, les hémocultures avaient été réalisées chez 34 patients soit un taux de réalisation de 82,93%. Elle était positive chez 10 patients soit un taux d’hémoculture positive de 29,41 %. Les germes isolés étaient : Pseudomonas sp (3 patients) et Staphylococcus aureus (2 patients) étaient les agents pathogènes le plus souvent retrouvés. Les autres germes étaient Proteus mirabilis, Klebsiella pneumoniae, Enterobacter cloacae, Bacillus sp, Aeromonas hydrophyla chez chacun un patient. (Tableau 3)

Dans un cas, l’endocardite avait été observée suite à une transfusion sanguine

L’endocardite infectieuse avait une létalité de 19,51% car au total on déplorait  8 décès par endocardite seule ou en association avec une autre infection sur 41 patients au diagnostic d’endocardite.

 

Aspects thérapeutiques

 

Une antibiothérapie a été administrée chez 66 patients, soit 68,04%. Elle s’est effectuée par voie parentérale chez 65 patients. La durée moyenne de l’antibiothérapie parentérale était de 12 jours, avec des extrêmes de 1 et 28 jours avec un écart type de 4,86. Plusieurs classes d’antibiotiques ont été utilisées (bétalactamines, aminosides, quinolones, macrolides, imidazolés) ; l’association C3G-aminosides avait été la plus prescrite dans 18 cas soit 52,94%. Les traitements en dehors de l’antibiothérapie comprenaient, par ordre de fréquence de prescription : les antipaludiques, la corticothérapie, les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), les produits sanguins, les anti-arythmiques, les antidiabétiques, les ARV. La durée moyenne de la corticothérapie était de 17,75 jours.

L’évolution intra-hospitalière avait été favorable chez 83 patients (85,57%), marquée par une amélioration des signes cliniques. Elle a abouti au décès chez 14 patients soit 14,43% de décès (Tableau 4). L’âge moyen de décès était de 41,43 ans avec des extrêmes de 18 et 77 ans avec un écart type de 18,10. Le taux de ré-hospitalisation est de 9,8 %, durant notre période d’étude.

 

 

 

 

DISCUSSION

 

 

Pendant notre étude, 3142 patients avaient été hospitalisés dans le service de cardiologie du CHU-YO ; parmi eux, 363 étaient porteurs d’une valvulopathie. Cela équivaut à une prévalence hospitalière de 11,55%. Cette valeur est plus importante que celle de Chikhi [4] au Maroc, qui rapportait à 7,5% de prévalence des valvulopathies rhumatismales. L’écart constaté serait sans doute lié au fait que Chikhi avait inclus seulement les valvulopathies  rhumatismales, contrairement à notre étude qui a considéré tout type de valvulopathie, tant du point de vue lésionnel que du point de vue étiologique. Elle demeure cependant inférieure aux données de l’OMS qui estime entre 2 et 15 pour mille, la prévalence des cardiopathies valvulaires rhumatismales en Afrique chez les adolescents et les enfants [5]. Cette différence pourrait s’expliquer d’une part, par le choix de notre milieu d’étude. En effet, le service de cardiologie du CHU-YO reçoit principalement des patients adultes chez qui la pathologie valvulaire est moins fréquente. Ngaïdé [6] à Dakar avait montré dans son étude une corrélation entre un âge inférieur à 15 ans et la présence de valvulopathie. D’autre part, la différence serait due à une sous-évaluation ou une sous-estimation des cas de valvulopathies diagnostiquées dans nos contextes.  Une étude au Cambodge et en Mozambique avait été menée dans ce sens et le dépistage systématique à l’échographie estimait respectivement à 21,5 et à 30,44 pour mille le taux de valvulopathie contre de 2,2 et 2,3 pour mille au dépistage usuel [7]. Par ailleurs, l’étude de Goeh et collaborateurs à Lomé confirmerait cette sous-notification car dans une population d’enfants, ils évaluaient à 12,2% la prévalence hospitalière des cardiopathies rhumatismales [8]. Dans les pays asiatiques, les données sont semblables aux données africaines de l’OMS. En effet, en Inde et au Pakistan, la prévalence des valvulopathies rhumatismales en milieu scolaire est estimée à 5 pour mille [9, 10].

La prévalence hospitalière de la fièvre chez les patients valvulaires est estimée à 26,72% dans notre étude. Très peu d’étude s’intéresse spécifiquement à la fièvre chez les patients valvulaires, mais plusieurs aspects de la pathologie valvulaire ont été étudiés et permettent d’apprécier le nombre de cas de fièvre. Ainsi Nébié au Burkina, trouvaient une fièvre chez 78,1% des cas d’endocardite [11]. Chikhi [4] trouvait 12% de cas de fièvre chez les triples valvulaires. Ces données ne sont pas comparables, à cause des contextes différents, mais il en ressort toutefois que la fièvre et par extension le syndrome infectieux reste une réalité en Afrique et elle est mêlée aux pathologies chroniques (cardio-vasculaires). C’est là une preuve de la transition épidémiologique dans laquelle l’Afrique souffre du double fléau des pathologies infectieuses et chroniques.

L’âge moyen de nos patients était de 37,5 ans, avec des extrêmes de 15 et 82 ans. Les sujets de 16 à 35 ans sont les plus touchés ; cela nous ramène à la conclusion tirée dans de nombreuses études, selon laquelle les valvulopathies touchent en Afrique les sujets jeunes [4, 5, 12]. Chikhi et Maria au Maroc, Maïga au Mali, retrouvaient respectivement un âge moyen de 42 et 40 et 15,33 ans [4, 7, 13]. Les séries européennes rapportent des chiffres différents avec un âge de prédilection au-delà de la soixantaine (65 ans selon Lung et 70 ans selon la Société française de cardiologie) [5, 14].

Nous avons noté une prédominance féminine; ce constat est presque fréquent dans la plupart des pathologies valvulaires cardiaques [4, 7, 15].

La majorité des patients résidait en ville (70,11%), même constat chez Chikhi [4] avec 59%. Ceci pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs : la densité de la population urbaine, la situation urbaine du centre d’étude, et l’impact de la transition nutritionnelle avec augmentation de la prévalence des maladies chroniques en milieu urbain.

Les cardiopathies valvulaires symptomatiques sont très souvent associées à des signes d’insuffisance cardiaque droite et/ou gauche qui constituent très souvent, le motif de consultation. En outre, elles constituent une cause non négligeable d’insuffisance cardiaque. Une étude menée au Congo montrait que les valvulopathies constituaient la troisième cause de réadmission pour insuffisance cardiaque après la cardiopathie hypertensive et les cardiomyopathies dilatées [15]. Certains auteurs ont également mis en évidence des signes d’insuffisance cardiaque sur valvulopathie. Balaka à Lomé avaient trouvé que la dyspnée était l’un des motifs de consultation le plus fréquent (39%) ; dans leur étude, 30,70% des patients avaient des signes d’insuffisance cardiaque [9]. Dans la série de Maria [13] au Maroc sur les triples valvulopathies, tous les patients présentaient une dyspnée ; des signes d’ICD étaient présents chez 45,7% de ces patients et 23,3% avaient des signes d’ICG. Les OMI [13] étaient retrouvés chez 14,7% des patients. Dans notre série, 94 patients, c’est-à-dire 96,91% de notre échantillon, avaient des signes d’insuffisance cardiaque. La dyspnée était le symptôme le plus fréquent et était retrouvée chez 87 patients (92,55%) ; elle constituait avec les râles crépitants (56,38%) les principaux signes d’insuffisance cardiaque gauche de la série. On notait moins de signes en faveur d’une insuffisance cardiaque droite. Les œdèmes des membres inférieurs étaient présents chez 37 patients.

Les examens biologiques avaient permis de mettre en exergue le syndrome inflammatoire biologique. Une hyperleucocytose était retrouvée chez 18,55 % de nos patients, la vitesse de sédimentation accélérée chez 53,70 %, la C réactive protéine élevée chez 64,81 % et la fibrinémie augmentée chez 16,66 %. Dans l’étude de Chikhi [4] au Maroc, le syndrome inflammatoire biologique était plus patent avec une C réactive protéine élevée chez 87% des patients, une hyperleucocytose chez 44%. Cette discordance serait le fait de la vulnérabilité économique de nos patients chez qui les capacités de réalisation des examens paracliniques sont limitées,  54 patients avaient un bilan inflammatoire, 14 seulement avaient pu réaliser le bilan biologique complet.

Les marqueurs streptococciques étaient revenus positifs chez 7 patients sur 37 patients chez qui ils ont été demandés soit 18,91%. Maïga au Mali trouvait 25,7% d’ASLO positifs [16].  L’étude de Maïga s’intéressait spécifiquement au rhumatisme articulaire aigu.

L’anémie avait été retrouvée chez 65 patients dans notre étude (67%) et dans 11% des cas chez Chikhi [4] au Maroc. Une étude congolaise avait estimé à 42% la prévalence de l’anémie chez les cardiaques et les valvulopathies contribuaient pour 8,8% [17]. Notre série supplante toutes ces dernières dans la fréquence de l’anémie qui, dans notre cas, pourrait résulter, non seulement du syndrome inflammatoire, mais aussi des carences martiales qui sont un problème de santé publique.

Les hémocultures étaient revenues positives dans 29,41% des cas réalisés. Pseudomonas sp et Staphylococcus aureus étaient les germes les plus fréquemment isolés. Ces résultats sont similaires à ceux de Leye à Dakar, et Souanga , à Abidjan chez qui Staphylococcus aureus était le germe le plus fréquent [2, 18]. Yameogo au Burkina et Cabell , ainsi que Wang, ont trouvé chacun que le streptocoque et le staphylocoque étaient les germes les plus fréquents[19, 20, 21]. La présence de certains types de germes tels que le Pseudomonas pourrait faire penser à une souillure du prélèvement ou à des germes nosocomiaux .

Dans la littérature, la localisation des différentes atteintes valvulaires est mal précisée. Dans les séries européennes, les valvulopathies mitrales sont devenues moins fréquentes que les atteintes aortiques [14, 22, 23]. Dans la plupart des séries africaines, l’atteinte mitrale demeure fréquente de même que l’atteinte polyvalvulaire associant atteinte mitrale et aortique [7, 9]. Goeh et Balaka dans des séries togolaises, faisaient les mêmes constats [8,9].

L’échographie cardiaque a permis de poser le diagnostic d’endocardite par la présence de végétation. Les valves aortique et mitrale constituaient le siège de prédilection des végétations chez nos patients. Sarr trouvait les mêmes localisations avec des végétations mitrales dans 13,4% et des végétations aortiques dans 5,6% [24]. L’échographie a également mis en évidence des thrombi qui prédominaient dans l’oreillette gauche (six cas) posant ainsi le diagnostic des thromboses intra-cavitaires. Chez Sarr l’oreillette gauche était la seule localisation évoquée [24].

L’échographie a été l’examen essentiel qui a contribué au diagnostic de la valvulopathie, de son étiologie et de son retentissement sur les cavités cardiaques et sur la circulation pulmonaire. C’est ainsi que nous avons noté 23 cas d’HTAP, 11 cas d’altération de la FEVG, 14 cas de dilatation des cavités gauches. Chikhi [4] trouvait une HTAP chez 87% de ses patients, une altération de la FEVG chez 8%, et une dilatation du VG dans 46% des cas. Ces chiffres témoignent de l’évolution avancée de l’atteinte cardiaque et pourraient signifier le retard dans le recours aux soins chez les patients africains ; retard qui serait sans doute, lié à la pauvreté, mais aussi, à l’ignorance de la population et à un parcours thérapeutique passant d’abord chez le tradipraticien.

L’atteinte rhumatismale constituait l’étiologie principale de la pathologie valvulaire (20 cas), 5 cas de valvulopathies dégénératives étaient observés avec un cas de cardiopathie congénitale : une parfaite concordance avec les données de la littérature africaine où l’atteinte rhumatismale est récurrente [25, 26]Balaka au Togo [9] trouvaient des étiologies principalement dégénérative et ischémique. Leur série est un peu spécifique, car leurs résultats sont plus proches des données des séries européennes. Maria trouvait des origines rhumatismale (95,3%), endocardique (3,8%) et dégénérative (0,8%) [13]. D’autres étiologies sont retrouvées dans la littérature ; la cardiopathie carcinoïde est un exemple rare de cardiopathie responsable d’atteinte valvulaire. En effet, les tumeurs carcinoïdes, affections rares et mal connues, peuvent s’accompagner d’une atteinte cardiaque pouvant être au premier plan de la symptomatologie [27]. Abid en Tunisie, rapportait un cas d’insuffisance tricuspidienne associé à une pathologie carcinoïde [27]. Si d’une part, la fréquence de cette atteinte s’explique par le bas niveau socio-économique, d’autre part elle pourrait être le fait de facteurs génétiques ou environnementaux qui rendent les africains plus susceptibles aux complications cardiaques de la maladie streptococcique [28, 29].

Les efforts d’adaptation du cœur aux valvulopathies sont à l’origine du remodelage ventriculaire et des modifications du rythme cardiaque. Dans notre série, la totalité des patients n’avait pas d’électrocardiogramme. Chez les 83 patients qui en disposaient, nous avons noté chez 34,93 % des troubles du rythme à prédominance d’ACFA (68,96%), une hypertrophie auriculaire gauche chez 25,30%, une hypertrophie ventriculaire gauche chez 22,89%, des troubles de la conduction chez 13,25%.Maria dans son échantillon de valvulaires rhumatismaux présentait les anomalies ECG suivantes : 69% de fibrillation auriculaire, 21 cas d’hypertrophie auriculaire gauche, 19 cas d’hypertrophie ventriculaire gauche, 11 cas de troubles de la conduction [13].Goeh au Togo avait trouvé dans son étude sur les cardiopathies rhumatismales 3 cas d’ACFA, 12 cas d’hypertrophie biauriculaire, 1 cas de bloc auriculo-ventriculaire, une hypertrophie ventriculaire gauche isolée dans 24% des cas et une hypertrophie bi ventriculaire dans 12% [8].

La radiographie du thorax a contribué au diagnostic étiologique de la fièvre. Elle a permis d’affirmer ou de suspecter un  diagnostic avec 11 cas de pleuro-pneumopathie, 7 cas de broncho-pneumopathie et 2 cas de tuberculose.

Les différents bilans biologiques, la radiographie pulmonaire et l’échocardiographie prescrits sous l’orientation des signes cliniques ont permis d’asseoir le diagnostic étiologique de la fièvre chez les patients valvulaires. Nous avons ainsi identifié 33 cas (34,02%) de fièvre complication, 28 cas (28,86%) de fièvre association et 17 cas (17,53%) de diagnostics intriqués. Le diagnostic était indéterminé chez 19 patients soit 19,59 %. L’identification d’un diagnostic clair est nécessaire. Le risque de mauvais pronostic des patients présentant une fièvre sur cardiopathie valvulaire est bien connu, surtout lorsqu’il s’agit d’endocardite infectieuse.

Le bas niveau socio-économique et la non effectivité de la couverture médicale universelle constituent les principaux facteurs qui limitent les explorations et le diagnostic étiologique chez les patients.

Les pneumopathies étaient au premier rang des fièvres associations, suivies des infections urinaires et du paludisme souvent associées chez le même patient. Ces résultats corroborent les données sur  la situation sanitaire du Burkina et des pays voisins. En effet, les pneumopathies sont des affections fréquentes (deuxième cause d'hospitalisation en milieu pneumologique à Bamako [30], deuxième cause d'hospitalisation à Abidjan [31], première cause de décès d'origine infectieuse, aux Etats-Unis) [12] . L’apparition de la pandémie à Covid 19 pourrait également expliquer cette fréquence.

Lesinfections urinaires sont les premières des maladies infectieuses non épidémiques. Elles sont, après les infections respiratoires, au second rang des motifs de consultation et de prescription d’antibiotiques [32]. La fréquence et l’association des infections pulmonaires et urinaires peuvent également s’expliquer par le fait qu’elles peuvent constituer souvent des complications de décubitus chez les patients atteints de pathologies cardio-vasculaires, souvent alités à cause d’une insuffisance cardiaque.  

Le Burkina Faso resteun pays d’endémie palustre. 

L’endocardite infectieuse a été le chef de file des fièvres-complications (41 cas) ; les germes en cause étaient plus fréquemment Pseudomonas sp, (3 cas), Staphylococcus aureus (2 cas),  Une porte d’entrée était retrouvée dans 22,68 % des cas, et la voie ORL était la plus fréquente, suivie des voies bucco-dentaires, urinaire et gynécologique. Dans un cas, l’endocardite avait été observée suite à une transfusion sanguine. Leye [18] à Dakar trouvaient une porte d’entrée dans 76.6% des cas avec une prédominance bucco-dentaire : 47.8%. Yameogo [21] au Burkina, avait trouvé chez les enfants, que la porte d’entrée était dentaire dans neuf cas (47,4 %), cutanée dans quatre cas (21 %) et ORL dans trois cas (15,8 %). Une voie veineuse périphérique était incriminée dans un cas. Une incohérence entre porte d’entrée et germe incriminé est souvent une réalité dans notre pratique. Il se pose toujours dans notre contexte, en cas de positivité des hémocultures, la problématique des souillures de prélèvements d’hémoculture et des germes nosocomiaux lors qu’un germe est isolé.

A part l’endocardite infectieuse, nous avons identifié d’autres causes de fièvre complication, il s’agissait de la thrombose intra cavitaire (9 %) et de l’évolutivité rhumatismale (15,15%).

Dans notre étude, un tiers des patients avaient bénéficié d’une antibiothérapie, toutes causes confondues. Les indications de l’antibiothérapie étaient principalement, l’endocardite infectieuse (EI) et avait été administrée chez 66 patients soit 68,04% des patients. L’antibiothérapie avait été administrée par voie intraveineuse chez 65 patients. La bi-antibiothérapie était la modalité la plus fréquente et l’association céphalosporine de troisième génération-aminosides dans ce groupe, se rapprochant des recommandations de bonne pratique dans la prise en charge de l’endocardite infectieuse. Cependant la durée moyenne de l’antibiothérapie était de 12 jours, était très insuffisante, pour les patients atteints d’endocardites infectieuses, reflétant souvent nos réalités avec la précarité des ressources des patients et les demandes d’exeat de la part des patients dès les premiers jours d’apyrexie. Selon les recommandations internationales la durée de l’antibiothérapie intra hospitalière doit être prolongée, 30 à 45 jours en moyenne [33]. Le manque de moyens financiers et de subvention pour les soins médicaux des patients, et leur demande d’exéat précoce dès la moindre amélioration clinique pourraient expliquer ce constat. Dans ces situations, un exéat accompagné de bonnes mesures pour une prise en charge ambulatoire est nécessaire surtout chez les patients au diagnostic d’endocardite. Les traitements en dehors de l’antibiothérapie comprenaient, par ordre de fréquence de prescription d’antipaludiques, de corticothérapie, d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), de produits sanguins, de antiarythmiques, d’antidiabétiques, des ARV. Cette polymédication rend compte de l’existence de comorbidités chez les patients valvulaires. Les indications de la corticothérapie concernaient les cas d’évolutivité rhumatismale, de pneumopathie et de polysérite (pleurésie, péricardite, ascite). La durée moyenne du traitement (corticothérapie) était de 17 jours. Le traitement était ensuite poursuivi après l’exéat des patients.

L’évolution intra-hospitalière a été marquée par le décès chez 14 patients, soit une mortalité de 14,43%. Cette mortalité est plus élevée que la mortalité globale observée qui était égale à 11,19 % en 2013, 9,89 % en 2014, 9,71% en 2015 ; elle est similaire à la mortalité de l’endocardite infectieuse chez les enfants à Ouagadougou qui s’élevait à 14,10% en 2015 [21].

La létalité de l’endocardite infectieuse était de 19,51% .

La société européenne de cardiologie estimait à entre 15 et 30 % la mortalité hospitalière de l’endocardite infectieuse, elle avait aussi identifié Staphylococcus aureus comme un facteur majorant la mortalité [35]. Lèye à Dakar avaient trouvé une létalité moins importante à 10% [18]. Yaméogo et Nébié au Burkina, trouvaient respectivement, une létalité de 26, 3 % et 31,2% [11,21].

 

CONCLUSION

La présence de fièvre chez les patients valvulaires est un fait fréquent dont la hantise pour un cardiologue reste le diagnostic d’une endocardite infectieuse. Les étiologies de fièvre sur valvulopathie sont variées et souvent intriquées. Cependant, l’endocardite demeure une cause assez fréquente de fièvre chez les patients valvulaires et représente  la majeure partie des fièvres- complications .Elle est également la principale cause de mortalité chez les patients présentant une fièvre sur pathologies valvulaires. Une bonne connaissance de l’étiologie d’une fièvre sur une valvulopathie est importante pour améliorer et optimiser la prise en charge. Cependant la hantise reste toujours l’endocardite infectieuse qui engage très souvent le pronostic des patients. Ces constats soulignent l’intérêt d’avoir un bon diagnostic étiologique, un traitement optimal respectant les recommandations de bonne pratique mais aussi une meilleure sensibilisation des populations à risque.

 

 

 

Tableau 1

répartition des polyvalvulopathies diagnostiquées à l'échocardiographie

 

Polyvalvulopathie

Effectif

Pourcentage

 

 

Sexe

 

Masculin

Féminin

IAo-IM

       18

      11

7

32,72

IAo-IM-IT

9

3

6

16,36

IAo-Rao

1

1

0

 1,81

IAo-RM

3

1

2

 5,45

IM-IT

1

1

0

 1,81

MAo-IM

1

1

0

 1,81

MAo-MM

9

5

4

16,36

MAo-IT

2

0

2

  3,63

MM-IAo

6

3

3

           10,9

MM-IAo-IT

2

0

2

    3,63

MM-IT

3

2

1

     5,45

TOTAL

       55

      28

      27

          100

 

                                                  IAo : insuffisance aortique, IM : Insuffisance mitrale ; IT : Insuffisance tricuspidienne ;

                                                 Rao : rétrécissement aortique, RM : rétrécissement mitral ; MM : Maladie mitrale, MAo : Maladie aortique

Tableau 2

Répartition selon le profil étiologique de la fièvre

 

Diagnostic étiologique

Effectif

Pourcentage

Fièvre-association

28

28,86%

Fièvre-complication

33

34,02%

Fièvre-association + fièvre-complication

17

17,53%

Etiologie indéterminée

19

19,59%

Total

97

     100%

 

Tableau 3

 Répartition des patients selon les germes isolés à l’hémoculture

 

Germes isolés

Effectif

Pseudomonas sp

3

Staphylococcus aureus

2

Proteus mirabilis

1

Klebsiella pneumoniae

1

Enterobacter cloacae

1

Bacillus sp

1

Aeromonas hydrophyla

1

 

Tableau 4 

Répartition des diagnostics établis chez les patients décédés

 

Diagnostic

Effectif

Pourcentage

EI

5

35,71

EI+ pleuro-pneumopathie à Covid 19

2

14,28

Bronchopneumopathie

2

14,28

Bronchopneumopathie sur TID

1

  7,14

Hépatite B

1

  7,14

EI+ infection urinaire

1

  7,14

Diagnostic indéterminé

2

14,28

Total

       14

           100

                                                          EI : Endocardite infectieuse

                                                          TID : terrain immunodéprimé 

 

 

 

 

 

 

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