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Dépistage de la dysfonction myocardique infraclinique par le 2D strain dans la cardiomyopathie du péripartum en rémission : étude transversale au CHU Aristide le Dantec de Dakar.

 

Screening for subclinical myocardial dysfunction by 2D strain in peripartum cardiomyopathy in remission: a cross-sectional study at the Aristide le Dantec University Hospital in Dakar.

 

 

F AW1, MK RIM1, JS MINGOU1,SA SARR1 , M KANE1, G NDOYE1, MT DIOUF2, S AKANNI2, AD AFFANGLA2, M NDIAYE2,  CMBM DIOP1, Y DIOUF1, PN NDIAYE, DW BALDE1,  KR DIOP1, SD DIALLO1, SM BEYE6, AA NGAÏDE4, M DIOUM3, M BODIAN1, M LEYE5,  MB NDIAYE1, A MBAYE, AD KANE6, A KANE2, A FAYE7, M DIAO1.

 

 

RESUME

 

Introduction : La cardiomyopathie du péri-partum (CMPP) est une dysfonction systolique ventriculaire gauche sans étiologie identifiable, survenant en fin de grossesse ou durant les mois suivant l’accouchement. Le strain global longitudinal est une méthode sensible qui a connu un essor pour identifier une dysfonction myocardique infraclinique. L’objectif général de ce travail était de dépister une dysfonction myocardique infraclinique par la mesure le strain global longitudinal du ventricule gauche chez les patientes atteintes de cardiomyopathie du péri-partum ayant récupérer une fraction d’éjection normale. 

Méthodologie : Il s’agissait d’une étude transversale comparative  chez des  cas de cardiomyopathie du péripartum (CMPP) CMPP ayant récupéré une fraction d’éjection du ventricule gauche normale comparé à des témoins sains en post partum. L’étude s’est déroulée sur une période allant du 1er janvier 2018 au 1er janvier 2021 à la clinique cardiologique de l’Hôpital Aristide Le Dantec où il existe un registre de suivi des CMPP depuis 4ans. Au total 24 cas de CMPP  ayant normalisé leur  fraction d’éjection du ventricule gauche  ont été appariés avec 24 témoins en  post partum indemnes de pathologie cardio-vasculaire

Résultats :L’âge moyen était de 32,7 ± 5,6 ans et la majorité des patientes 71% avait plus de 30 ans. Un bas niveau socio-économique était noté dans 83% cas, la multiparité dans 46% et la gémellité dans 12,5% des cas. Dans notre étude, une dilatation du ventricule gauche était notée dans 41,7% avec un diamètre télédiastolique moyen  de 51,2±5,4 mm chez les cas au stade de rémission. Dix cas (10) sur 24 CMPP en rémission (41,6%) présentaient un SGL altérée  Le SGL moyen était plus bas chez les cas comparé aux patientes contrôles -18,7 ± 3,6 % versus -20,3 ± 1,6 %  (p= 0,04) respectivement. On notait une corrélation entre la persistance de l’altération du SGL au stade de rémission et une altération sévère de la FEVG initiale avec 0,0425. On ne notait pas une corrélation entre l’altération du SGL et la persistance de la dilatation du ventricule gauche au stade de rémission (R = 0,0155). Les similarités cliniques retrouvées chez les patientes présentant une persistance de l’altération du SGL était  l’âge > 30 ans, l’existence d’une HTA gravidique, les grossesses gémellaires, l’altération sévère de la FEVG au stade initial.

Conclusion : Malgré une fraction d’éjection systolique du ventricule gauche normalisée certaines patientes atteintes de CMPP ne récupère pas totalement un strain global longitudinal normal et donc pourraient garder une dysfonction myocardique infraclinique.

 

 

MOTS CLES

 

Cardiomyopathie, strain global, longitudinal echocardiographie.

 

 

SUMMARY

 

 

Introduction: Peripartum cardiomyopathy (PPCM) is a left ventricular systolic dysfunction without identifiable etiology, occurring at the end of pregnancy or during the months following childbirth. Global longitudinal strain (GLS) is a sensitive method for identifying subclinical myocardial dysfunction. The general objective of this work was to detect subclinical myocardial dysfunction by measuring the global longitudinal strain of the left ventricle in patients with peripartum cardiomyopathy who had recovered a normal ejection fraction.

Methodology: This was a comparative study in cases of PPCM who recovered a normal left ventricular ejection fraction compared to healthy postpartum controls. The study took place over a period from January 1, 2018 to January 1, 2021 at the cardiology clinic of Aristide Le Dantec Hospital, where there has been a PPCM monitoring register for 4 years. A total of 24 cases of PMPC having normalized their left ventricular ejection fraction were matched with 24 postpartum controls free from cardiovascular disease.

Results: The average age was 32.7 ± 5.6 years and the majority of patients 71% were over 30 years old. A low socio-economic level was noted in 83% of cases, multiparity in 46% and twinning in 12.5% of cases. In our study, dilatation of the left ventricle was noted in 41.7% with an average end-diastolic diameter of 51.2 ± 5.4 mm in cases in the remission stage. Ten cases (10) out of 24 PPCM in remission (41.6%) presented an altered GLS. The average SGL was lower in the cases compared to the control patients -18.7 ± 3.6% versus -20.3 ± 1.6% (p= 0.04) respectively. There was a correlation between the persistence of the alteration of the SGL at the stage of remission and a severe alteration of the initial LVEF with R=0.0425. There was no correlation between the alteration of the GLS and the persistence of the dilatation of the left ventricle at the stage of remission (R=0.0155). The clinical similarities found in patients with persistent alteration of GLS were age > 30 years, existence of pregnancy-induced hypertension, twin pregnancies, and severe alteration of LVEF at the initial stage.

Conclusion: Despite a normalized left ventricular systolic ejection fraction, some patients with PPCM do not fully recover a normal global longitudinal strain and therefore may keep subclinical myocardial dysfunction.

 

 

KEY WORDS

Cardiomyopathy, global longitudinal strain, echocardiography.

 

 

                                                                                                                       

1. Service de Cardiologie, Centre Hospitalier Universitaire Aristide Le Dantec, BP 3270 Dakar, Sénégal ;

2. Service de cardiologie, Hôpital Dalal Jamm, Dakar, Sénégal ;

3. Service de Cardiologie, Centre Hospitalier Universitaire FANN National, BP 6003 Dakar Etoile, Sénégal ;

4. Service de Cardiologie, Hôpital Général Idrissa Pouye, Dakar, Sénégal ;

5 Unité de formation et de recherche en sciences de la santé, Université de Thiès ;

6. Unité de formation et de recherche en sciences de la santé, Université de Saint-Louis ;

7. Institut de Santé et Développement de l'UCAD.

Adresse pour correspondance 

Aw Fatou

Tel. : 00221774220035 Dakar - Sénégal

E-mail : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.

 

 

 

INTRODUCTION

 

La cardiomyopathie du péri-partum est une dysfonction systolique ventriculaire gauche sans étiologie identifiable, survenant en fin de grossesse ou durant les mois suivant l’accouchement (1, 2). L’incidence est variable selon les ethnies, elle est plus importante chez les patientes d’origine africaine, rare en Europe(1, 3). Sur le plan mondial cette affection est plus fréquente en Afrique subsaharienne, que dans les autres régions (4). En Afrique du Sud l’incidence est de 1 cas/1000 naissances (5). Au Nigéria, son incidence est de 1/100 naissance (6).  La récupération complète de la fonction du ventricule gauche est plus fréquente dans la cardiomyopathie du péripartum (CMPP) par rapport à d'autres formes de cardiomyopathie, et survient principalement dans les 6 premiers mois du traitement. Le taux de récupération complète est de l’ordre de 20–60%.(7-11,  12, 13)

Cette récupération de la fonction systolique dans la CMPP est classiquement évaluée par la mesure de la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG). Actuellement d’autres paramètres permettent de mieux apprécier la fonction systolique du VG, notamment l’étude de la déformation myocardique (14, 15).  Comparativement à la fraction d’éjection, le strain global longitudinal explore la contraction longitudinale du myocarde et donc  reflète plus fidèlement la fonction des fibres myocardiques sous-endocardiques, indépendamment des mécanismes de compensation ou d’amplification mécanique liées à la structure tridimensionnelle du ventricule gauche. Etant basé sur une méthode d’analyse semi-automatique, le strain longitudinal    global    diffère   de   la   fraction d’éjection par une plus haute reproductibilité. (16, 15)

Quelques études (17) ont démontré chez les patientes atteintes de cardiomyopathie du péri-partum, que plus le strain était abaissé, plus le taux de complications, comme le nombre d’hospitalisations ou la mortalité, était élevée. De façon plus générale, dans les cohortes d’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite, plusieurs études ont montré que le strain longitudinal global avait une valeur pronostique indépendante de la fraction d’éjection. (17)

Cependant il est important lors de l’évaluation de la fonction ventriculaire gauche   de tenir compte du  post partum, en effet des études ont documenté des modifications en série de la fonction ventriculaire gauche (VG) et de la déformation du myocarde au cours de chaque trimestre et 3 à 6 mois après l'accouchement chez des femmes normales. Ils ont signalé une hypertrophie du VG, une augmentation du volume systolique et une légère diminution du strain global longitudinal (SGL) au troisième trimestre. Ils ont par la suite observé que la taille du VG, le volume systolique et le SGL se normaliseraient au fil du temps après l'accouchement (19). 

Au Sénégal la CMPP a fait l’objet d’un certain nombre de travaux  (18, 20). Mais plusieurs zones d’ombres demeurent quant à l’étiopathogénie et l’évolution de cette affection. En effet en plus du pronostic vital qui est mis en jeu, le pronostic fonctionnel reste incertain  avec le risque d’insuffisance cardiaque et la persistance d’une dysfonction VG infraclinique  même après une normalisation de la FEVG. Le risque de récidive lors des grossesses ultérieures est non négligeable, rendant parfois une grossesse ultérieure incertaine. Dans notre contexte, nous avons mis en place un registre hospitalier de suivi des CMPP depuis 2017 au service de cardiologie de l’hôpital Aristide le Dantec. Ce registre de suivi compte à ce jour 79 patientes, qui sont réévaluées sur le plan clinique et échographique à délai défini.

Dans ce travail  nous nous sommes fixés comme objectif général de  dépister une dysfonction myocardique infraclinique par la mesure le strain global longitudinal du ventricule gauche chez les patientes atteintes de cardiomyopathie du péri-partum ayant amélioré leur fonction systolique  (fraction d’éjection ≥50%).

 

 

 

METHODOLOGIE

 

 

Il s’agissait d’une étude transversale  descriptive et comparative  chez des patientes suivies pour CMPP ayant récupéré une fraction d’éjection du ventricule gauche normale comparé à des patientes contrôles indemnes de cardiopathie en post partum et fréquentant l’hôpital pour d’autres pathologie extracardiaque. Elle a été menée à la clinique cardiologique de l’Hôpital Aristide Le Dantec du 01 janvier 2018 au 01 janvier 2021 soit une durée totale de 3 ans

 

 Critères d’inclusion 

 

Ont été incluses toutes les patientes, qui ont présenté une CMPP selon les critères suivants : développement d’une insuffisance cardiaque dans le dernier mois de la grossesse ou dans les 5 premiers mois du post-partum, l’absence d’une cause identifiable de l’insuffisance cardiaque, l’absence de maladie cardiaque avant le dernier mois de grossesse. La dysfonction systolique du VG objectivée par l’échocardiographie Doppler par une   FEVG < 45% et/ou une fraction de raccourcissement < 30%, avec ou non une dimension télédiastolique > 2.7 cm/m2 de surface corporelle du VG (1, 2). Les critères de récupération que nous avons retenue étaient les suivants : stade NHYA 1, absence de signes d’insuffisance cardiaque et FEVG ≥ 50%.

Les contrôles:toutes femmes en post partum indemnes de cardiopathie, et fréquentant l’hôpital pour une autre pathologie appariées selon l’âge, la parité, la présence d’une grossesse gémellaire et le niveau socio-économique.

Les critères de non inclusion :toutes les patientes ne présentant pas les critères de récupération, ayant une autre cardiopathie connue et ayant refusé de participer à l’étude.

Les critères d’exclusion étaient l’impossibilité de faire l’objet d’un suivi pour des raisons familiales, sociales et/ou géographique, indisponibilité des données de suivi et impossibilité mesurer le Strain, tous témoins porteurs de cardiopathie ou de maladie pouvant impacter sur la fonction ventriculaire gauche.

 

Conduite pratique de l’étude 

 

Durant la période de notre étude 79 patientes étaient suivis dans le registre de CMPP. En tenant compte des critères d’inclusion 24 patientes ont été retenues. Pour cette étude nous avons utilisé l’appareil Vivid E9  doté d’une sonde adulte matricielle permettant la réalisation du 2D strain. Les mesures étaient réalisées par une cardiologue diplômée en échocardiographie avec une expérience de plus de 10 ans.

Après l’inclusion les sujets étaient interrogés puis examinés. Nous avons étudié les données épidémiologiques :l’âge, l’origine géographique des patientes, la situation matrimoniale, la parité, la gémellité et le profil économique. Nous avons étudié les données cliniques : les antécédents personnels et familiaux de cardiomyopathie du péri-partum, les facteurs prédisposant à la cardiomyopathie du péri-partum qui sont les suivants : âge > 35 ans, la primipare âgée (> 30 ans) la multiparité (≥ 4 parités), les grossesses gémellaires, la recherche de tocolyse prolongée, la pré-éclampsie, l’hypertension artérielle (HTA) gravidique et le  niveau socio-économique bas. Nous avons évalué les données paracliniques notamment l’échographie cardiaque. Lors de cette l’échocardiographie  nous avions d’abord vérifié la bonne échogénicité des sujets. Puis l’échocardiographie trans-thoracique avait apprécié les éléments qui suivent : dimensions des ventricules, dimensions des oreillettes, la fonction systolique du ventricule gauche, la fonction diastolique du ventricule gauche : temps de décéleration de l’onde E (TDE), rapport E/A, rapport E/E’, l’état des valves et l’existence de fuite ou de sténose, l’état du péricarde : épanchement, épaississement. Les références retenues étaient ceux de l’American society of échocardiographie 2015 (ASE) (16).

Concernant le strain, il s’agit d’un paramètre obtenu de façon semi-automatique et dont le calcul nécessite un logiciel de reconnaissance des marqueurs acoustiques. L’acquisition de boucle échocardiographique en 3 cavités, 2 cavités, et 4 cavités était d’abord effectuée.  Enfin la mesure du strain global longitudinal réalisé avec le logiciel de General Electric (GE). Ce logiciel semi-automatique reconnaît le myocarde et ses marqueurs acoustiques et peut en mesurer le déplacement tout au long du cycle cardiaque. Au terme de l’analyse, un contrôle visuel du suivi des marqueurs est proposé à l’utilisateur qui a la possibilité de corriger le tracé si un défaut de suivi est constaté, ou de valider l’analyse. Après avoir effectué ces tracés sur chacune des trois vues apicales, le logiciel indiquera la valeur de strain longitudinal de chacun des 17 segments myocardiques ainsi qu’une valeur moyenne pour l’ensemble du myocarde (le strain global longitudinal ou SGL). La valeur seuil que nous avons retenu pour  ce travail est de SGL<-20±2% en valeur absolu (16). Ces valeurs de strain sont typiquement résumées sous forme d’un diagramme en cible (ou bull’s eye). (16)

 

Aspects statistiques

 

L’ensemble des données collectées ont été saisies dans le logiciel SPHINX version 5.1.0.2 et l’analyse a été faite par le logiciel SPSS dans sa version 18 La description des variables qualitatives a été faite à l’aide de pourcentage et celles des variables quantitatives à l’aide des moyennes et écart-types. Les différentes fréquences ont été comparées à l’aide du test Chi carré ou le test exact de Fisher selon leur condition d’applicabilité, la comparaison des moyennes a été faite avec le test de Student pour les variables quantitatives.

Pour l’analyse bi variée une valeur de p < 0,05 a été considérée comme statistiquement significative.

 

Aspects règlementaires et éthiques 

 

Toutes les patientes incluses avaient donné un consentement libre et éclairé.

L’étude a reçu un avis éthique favorable du Comité National d'Ethique.

 

 

RESULTATS

 

 

La proportion de cardiomyopathie du péripartum en rémission  à 2ans dans ce registre était de 43%. Au total 24 patientes ont été incluses dans ce travail (figure 1).  

L’âge moyen de nos patientes était de 32,7 ± 5,6 ans.  Dix-sept patientes  (71%) avaient  plus de 30 ans.

Un bas niveau socio-économique était noté dans 83% cas, la multiparité dans 46% et la gémellité dans 12,5% des cas.

A ce stade de rémission les patientes présentaient toutes une dyspnée stade I de la NYHA sans signes cliniques. Le tableau 1 montre les caractéristiques de la population étudiée.

Sur la plan echocardiographique une dilatation du ventricule gauche était constatée chez 10 patientes soit 41,7% des cas. Le diamètre télédiastolique du ventricule gauche (DTDVG) moyen était de 51,2 ± 5,4  mm.

Au stade de rémission toutes nos patientes avaient présenté une cinétique  segmentaire normale. La moyenne de la FEVG  était de 55 ± 3,8 %. Treize patientes soit 54,2% ont récupéré une FEVG normale au-delà de 12mois, 10 patientes soit 41,6% ont récupéré entre 6 et 12 mois et une patiente a récupéré une FEVG normale dans un délai de 0-6 mois.

La moyenne du SLG dans cette cohorte de CMPP en rémission était de -18,7 ± 3,6 %. Chez les CMPP au stade de rémission nous avons noté que 14 patientes soit 58,3% avaient un strain longitudinal du ventricule gauche normal, et 10 patientes soit 41,7 % avaient un strain longitudinal du ventricule gauche altéré (Figure 2).

Toutes les CMPP au stade de rémission avaient des pressions de remplissage normales. Toutes les patientes étaient antérieurement traitées par diurétiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, bétabloquants et ont toutes bénéficiées d’une contraception par progestatifs pures. La bromocriptine n’avait été prescrite  chez trois 3 patientes. Le traitement pour l’insuffisance cardiaque avait  été arrêté chez toutes les patientes devant la récupération de la fonction d’éjection systolique du ventricule gauche.

Les deux groupes  cas et témoins étaient comparables selon l’âge, les facteurs prédisposant et la FEVG sauf pour la pression artérielle et la fréquence cardiaque qui étaient plus élevées dans le groupe témoins.

Le diamètre télédiastolique du ventricule gauche était plus grand chez les  patients atteintes de CMPP en rémission comparé au témoin (p=0,002).

 Le  Strain global longitudinal était plus bas chez les patientes CMPP en rémission comparé aux témoins (p=0,04).

Il existe une corrélation probable, mais faible entre le degré d’altération de la FEVG initiale et la persistance d’un SGL altéré (R = 0,0425).Nous n'avons pas noté de corrélation entre la dilatation du VG et la persistance d’un SGL altéré (R=0 ,0155). Nous n'avons pas non plus noté une association statistiquement significative entre le strain et la FEVG (p = 0.38) ou le DTDVG (p = 0,18). Ceci pourrait s’expliquer par la faible taille de notre échantillon.

 

 

 

DISCUSSION

 

 

Dans ce travail nous avions comme objectif dépister la  dysfonction myocardique par le 2D strain du ventricule gauche chez les patientes atteintes de cardiomyopathie du péri-partum ayant normalisée leur fraction d’éjection du ventricule gauche. Nous avons comparé les résultats de nos patientes en rémission avec des témoins appariés selon l’âge et la parité afin de mieux cernés les modifications du strain en post partum.

Dans notre registre, le taux de patiente en rémission était de 43%, d’autres études (21, 22) Houston avaient enregistré un taux de rémission comparable.

Au total 10 sur 24 patients soit 41,2% présentaient un SGL altéré. Le SGL était en moyenne de -18,7 ± 3,6 % comparé à une cohorte de témoin avec une moyenne de -20,3 ± 1,6 % avec p=0,042.

L’étude de Johansson en Suède (25) avait noté un SGL du VG à -18,7 ± 3,9% pour les CMPP en rémission contre 23,1 ± 1,6% pour les  témoins (p= 0,004). Sugahara (22)  rapportés un SGL chez les patientes en rémission de  -11,4 % versus -21,5 % pour les témoins (p < 0,001). Briasoulis (17) a quant à lui noté un SGL de −15,2±1,9 des cas de rémission par rapport à −18,1±1,3 pour les témoins (p= 0,003).

On peut en déduire sur notre étude comme pour les travaux publiés dans la littérature que les paramètres de déformation globale longitudinale étaient significativement réduits chez ces patientes avec CMPP par rapport aux contrôles.

Par ailleurs, cette  étude a également montré une corrélation probable entre la persistance de l’altération du SGL au stade de rémission et une altération sévère de la FEVG initiale avec R=0,0425.

Après avoir étudié le profil des 10 patientes n’ayant pas récupéré un SGL du VG normal au stade de rémission, les similarités clinique les plus fréquemment remarqué chez ces patientes  étaient l’âge > 30 ans, l’HTA gravidique, la grossesse gémellaire, l’altération très sévère de la FEVG au stade initial  et la récupération assez tardive de la FEVG (> 12 mois). Biteker (21) avaitdécrit ces mêmes facteurs prédictifs dans son travail.

Cette rémission avait était obtenu grâce à la mise en place d’un traitement conforme aux recommandations  sur le traitement de l’insuffisance cardiaque (3)

Après normalisation de la FEVG le traitement de l’insuffisance cardiaque avait été arrêté chez nos patientes et un contrôle avait été fait au bout de trois mois.

Toutefois chez une patiente en raison d’une rechute clinique et d’une altération modérée de la FEVG  après rémission, nous avons réintroduit les inhibiteurs de l’enzyme de conversion IEC et les bétabloquants. Il faut noter que cette patiente avait un SGL altéré malgré une FEVG précédemment normalisée.

Le cas de cette patiente mais aussi la persistance de l’altération du SGL du VG chez 10 de nos cas nous fait réfléchir sur la problématique faut-il arrêter ou pas  le traitement de l’insuffisance cardiaque après récupération de la FEVG? 

Un article de Fauvel (26), résume les dernières études faites sur le sujet, aucun consensus n’a été encore décidé mais dans l’avenir, il faudra s’intéresser à mieux caractériser le phénotype de ces patientes afin que leur traitement de l’insuffisance cardiaque soit maintenu. D’où l’intérêt d’utiliser des paramètres comme le SGL qui est un marqueur plus sensible de la persistance de la dysfonction ventriculaire gauche, même lorsque la FEVG s'est normalisée. Ce travail ouvre les perspectives d’autres études de plus grande envergure ou la poursuite de ce registre pouvant nous édifier sur les facteurs prédictifs de rémission.

Les limites de cette l’étude sont la taille globale de l'échantillon qui était relativement faible bien que ce travail présente la cohorte la plus élevée parmi les études comparatives sur le strain longitudinal du ventricule gauche. Il y avait aussi des intervalles avec des données échocardiographiques incomplètes  où l'imagerie de déformation n'était pas réalisable ce qui  explique que nous n’avions pas toutes les données du strain initial au début de la CMPP.

Il s’agit de la première étude en Afrique subsaharienne sur l’intérêt du strain longitudinal global du ventricule gauche dans les cardiomyopathies du péri-partum en rémission. Cet outil diagnostic déjà utilisé et validé par les sociétés européennes et américaines de cardiologie   pour le suivi des cardiopathies toxiques, permet un meilleur diagnostic de la dysfonction du ventricule gauche infraclinique. Une validation plus poussée dans de futures études plus importantes serait donc intéressante dans les cardiomyopathies du péripartum.

 

 

CONCLUSION

 

 

Malgré une amélioration de la fraction d’éjection du ventricule gauche, la dysfonction systolique  infraclinique reste persistante chez certaines  patientes ayant récupéré après une cardiomyopathie du péripartum. L’évaluation de la fonction systolique cardiaque par d’autres paramètres plus fins que la fraction d’éjection  tel que le  strain myocardique devrait être considérée à long terme. Par ailleurs cette dysfonction latente pourrait justifier un traitement pharmacologique prolongé mais cela nécessite d'autres études de plus grande envergure.

 

 

Tableau 1

Caractéristiques cliniques et échocardiographiques des cas de CMPP

en rémission  et le groupe témoin  indemne de cardiopathie

 

 

VARIABLES

CMPP en rémission

Témoins

P  value

AGE moyen

32,17±5,647

32,33±6,28

0,923

Age >35

  7

 7

0,999

Primipare âgée>30

  1

 1

0,755

Niveau socioéconomique bas

21

           19

0,350

Multiparité

11

10

0,771

HTA

  7

  5

 

Grossesse gémellaire

  3

  3

0,117

PAD (mmHg)

78,75±15,13

81,17±13,31

    0,08

PAS (mmHg)

119,83±19,87

125,50±15,67

    0,8

FC (bpm)

104,33±20,34

78,63±12,90

    0,05

FEVG (%)

55,05±3,87

60,75±5,06

0,054

DTDVG

51,25±5,43

46,71±3,86

0,002

Strain Longitudinal Global moyen du VG (%)

18,67±3,64

20,286±1,6

    0,04

 

 

 

 

  Figure 1 : Diagramme de suivi des patientes incluses dans notre étude.

 

 
 
 

Figure 2 : Répartition des patientes CMPP en rémission selon leur Strain global longitudinal (SGL) du ventricule gauche

 
 
 

 

Figure 3 : Répartition des patientes selon leur strain longitudinal du ventricule gauche et leur FEVG de début.

 

 

 

                              Figure 4 : Répartition des patientes selon leur strain longitudinal du ventricule gauche et les DTDVG au stade de rémission.

 

Figure 5a : Patiente  du groupe CMPP qui a normalisée sa FEVG mais qui garde un SGL altéré = -17%.

 

Figure 5b : Patiente  du groupe CMPP qui a normalisée sa FEVG mais qui garde un SGL altéré = -16%.

 

 

Tableau 2

Tableau clinique des cas de CMPP en rémission ayant un SLG du VG altéré.

 

 

Cas/Données

Age

Facteurs prédisposant à la CMPP

Caractéristique à l’ETT

Temps de récupération de la FEVG

Bromocriptine

Cas 1

33 ans

-Age ≥ 30ans

-Primipare âgée

-Bas NSE

-HTA gravidique

FEVG=23%

-Fonction VD altérée

-DTDVG initial/final= 55/42 mm

SGL=-13%

>12 mois

Non

Cas 2

38 ans

-Age≥ 30ans

-Bas NSE

 

FEVG=25 %

-Fonction VD altérée

DTDVG initial/final =60/55 mm

    SGL=-13,5%

-6-12 mois

Oui

Cas 3

31 ans

-Age≥ 30ans

Bas NSE

-HTA gravidique

-Surpoids

FEVG=42%

-DTDVG initial/final  58/55mm

contraste spontanée intra-VG

SGL=-14%

> 12 mois

Non

Cas 4

27 ans

-Multipare

-Bas NSE

 

-FEVG=27 % SB

- DTDVG initial/final 58/55 mm

contraste spontanée intra-VG

SGL=-14%

>12 mois

Non

Cas 5

35 ans

-Age ≥30ans

-Bas NSE

FEVG=37%

DTDVG initial/final 57/54 mm

contraste spontanée intra-VG

SGL=-13%

 

>12 mois

Non

Cas 6

35 ans

-Age ≥30ans

-NSE bas

-Multipare

-Grossesse gémellaire

FEVG =34%

DTDVG initial/final 48/41 mm

SGL=-17%

>12 mois

Oui

Cas 7

30 ans

-Age ≥30ans

-NSE bas

-Multipare

-FEVG=30 %

-DTDVG initial/final 64/54 mm

thrombus intra-VG

SGL=-16,4%

 

>12 mois

Non

Cas 8

36 ans

-Age ≥30ans

-NSE bas

 

-FEVG=30 %

- DTDVG initial/final 62mm /50 mm

thrombus intra-VG

-Fonction VD altérée

SGL=-18%

>12 mois

Non

Cas 9

34 ans

-Age ≥30ans

-Grossesse gémellaire

-Multipare

-FEVG=34 %

-DTDVG initial/final 58 / 49 mm

contraste spontanée intra-VG

SGL=-17%

-6-12 mois

Non

Cas 10

25 ans

-NSE bas

-Multipare

-FEVG=26 %

-DTDVG initial/final 64/55 mm

-Fonction VD altérée

SGL=-17%

>12 mois

Non

 

 DTDVG : Diamètre télédiastolique du ventricule gauche ; FEVG : Fraction d’éjection du ventricule gauche ; HTA : Hypertension artérielle ; NSE : Niveau socio-économique ; SGL : Strain global longitudinal ; VD : Ventricule droit.

 

 

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