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Stratification pronostique dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite chez le sujet noir africain : Cas du Burkina Faso.

 

Prognostic stratification of heart failure with reduced ejection fraction in black africans : Case of Burkina Faso.

 

 

N DOUNE 1, TALL/ A THIAM 2,3, GRC MILLOGO 2,3, KJ KOLOGO 2,3, AA ADAM, 1,4, DT NAIBE 4,

N MANDJIRANGAR 4, LJ KAGAMBEGA 2, GMANDI 2, KABORÉ/ E BENON 2, KAGONE/ S NABALOUM 2,

D OIRIDI 2, DTU HOUBA 2, NV YAMEOGO 2,3, AK SAMADOULOUGOU 2,5, P ZABSONRE 2,3

 

 

RESUME

 

Introduction : L’insuffisance cardiaque est une maladie grave et greffée d’une lourde mortalité. L’objectif de cette étude  était d’identifier les facteurs pronostiques au cours l’insuffisance cardiaque.

Méthode : il s’est agi d’une étude de type cas-témoins menée sur une période de 24 mois (de Janvier 2017 à Décembre 2018). Les cas sont des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite et décédés au cours de l’hospitalisation et les témoins sont des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite et qui sont sortis vivants.

 

Résultats : L’antécédent personnel d’insuffisance cardiaque a été plus représenté chez les cas (72%) que chez les témoins (59%) (p< 0,001 et OR= 3,78). La durée moyenne du séjour hospitalier de notre population d’étude a été de 10,2 ± 0,5 jours. Presque la totalité des cas (92,59%) ont été admis avec une dyspnée  stade III et IV de la NYHA (p= 0,004, OR= 2,8). La pression artérielle systolique moyenne  globale a été de 106,6 ± 2,1 mmHg (80 mmHg ± 4,4 chez  les cas et 115,4 mmHg ± 1,8 chez les témoins,  p=0,000   OR= 4,6). Le débit de filtration glomérulaire moyen global a été de 70,8 ± 2,7 ml/mn (56± 4,7 ml/min chez  les cas et de 78,2 ± 3 ml/min chez  les témoins, p=0,001   OR= 4,6). La natrémie moyenne a été de 134,5 ± 0,6 mmol/L (129 ± 1 mmol/L chez les cas et de 137 ± 0,5 mmol/L chez les témoins). L’hyponatrémie a été fortement associée à la mortalité (p=0,000, OR=5,5). La TAPSE moyenne a été de 15,1 ± 0,3 mm (13,9 ± 0,6 mm chez les cas et de 15,7 ± 0,3 mm chez les témoins, p= 0,02 ;  2,28).

Conclusion : cette étude nous a permis d’identifier des facteurs associés à la mortalité de l’insuffisance cardiaque systolique. Nous avons proposé un score prédictif de cette mortalité.

 

 

MOTS CLES

 

Mortalité, insuffisance cardiaque, pronostic, Burkina Faso.

 

 

 

SUMMARY

 

 

Introduction: Heart failure is a associated with high mortality. The purpose of this study, was to identify the prognostic      factors in heart failure.

Methods: It was a case-control study conducted over a period of 24 months (from January 2017 to December 2018). Cases were patients hospitalized for heart failure with reduced ejection fraction who died during hospitalization and controls were patients hospitalized for heart failure with reduced ejection fraction who were discharged alive.

Results: Personal history of heart failure was more represented in cases (72%) than in controls (59%) (p<0.001 and OR=3.78). The mean length of hospital stay in our study population was 10.2 ± 0.5 days. Almost all cases (92.59%) were admitted with class NYHA III and IV dyspnea (p= 0.004, OR= 2.8). The overall mean systolic blood pressure was 106.6 ± 2.1 mmHg (80 mmHg ± 4.4 in cases and 115.4 mmHg ± 1.8 in controls p=0.000 OR= 4.6). The overall mean glomerular filtration rate was 70.8 ± 2.7 ml/min (56± 4.7 ml/min in cases and 78.2 ± 3 ml/min in controls p=0.001 OR= 4.6). The mean natraemia was 134.5 ± 0.6 mmol/L (129 ± 1 mmol/L in cases and 137 ± 0.5 mmol/L in controls). Hyponatremia was strongly associated with mortality (p=0.000 OR=5.5). The mean TAPSE 15.1 ± 0.3 mm (13.9 ± 0.6 mm in cases and 15.7 ± 0.3 mm in controls p= 0.02; 2.28).

Conclusion: This study allowed us to identify factors associated with mortality in heart failure with reduced ejection fraction. We propose a predictive score to assess this mortality.

 

 

KEY WORDS

Mortality, heart failure, prognosis, Burkina Faso.

 

                                                                                                          

1. Service de cardiologie du centre Hospitalier Universitaire la Renaissance de N’Djamena/Tchad.

2. Service de cardiologie du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado OUEDRAOGO de Ouagadoudou/Burkina Faso.

3. Unité de Formation et de Recherche en Science de la Santé, Université Joseph KI-ZERBO Ouagadoudou/Burkina Faso.

4.  Faculté des sciences de la santé humaine, Université de N’Djamena/Tchad.

5. Service de cardiologie du Centre hospitalier Universitaire de Bogodogo Ouagadoudou/Burkina Faso;

Adresse pour correspondance 

DOUNE Narcisse

Tel : (00235)66412177

E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

INTRODUCTION

 

Selon la Société Européenne de Cardiologie en 2016, l’insuffisance cardiaque (IC) est définie  comme étant un syndrome clinique caractérisé par des symptômes chroniques qui peuvent être accompagnés par des signes physiques causés par une anomalie cardiaque structurale et/ou fonctionnelle, qui entraîne une diminution du débit cardiaque et/ou une augmentation des pressions intracardiaques au repos ou lors de situations de stress[1]. Dans les pays développés, la prévalence de l’IC est de 1 à 2% dans la population générale, atteignant plus de 10% chez les patients de plus de 70 ans[1]. Elle  est associée à une lourde mortalité, et la survie à 5 ans  est nettement inférieure à la survie de certains cancers [2].

Le changement du mode de vie en Afrique a entrainé une augmentation des maladies cardio-vasculaires. L’insuffisance cardiaque, aboutissement de presque toutes les maladies cardio-vasculaires, est en nette augmentation et constitue un fardeau pour les pays à ressources limités.

En Afrique sub-saharienne, la mortalité liée à l’insuffisance cardiaque varie selon les séries,  allant de 9 à 18% [3–6].

Au Burkina Faso, l’insuffisance cardiaque représente 42,9% des causes d’hospitalisation avec une mortalité hospitalière de 17,9% [7], un important taux de réadmission, soit 36,8% de ré-hospitalisations au cours de la première année [8].Il existe une inadéquation entre l’augmentation de la fréquence de l’insuffisance cardiaque et l’insuffisance du plateau technique et les moyens de prise en charge ; ce qui explique cette surmortalité.

Il est donc nécessaire d’améliorer les stratégies de prise en charge de ces patients et l’utilisation efficiente des ressources. Dans cette optique, il faudrait réaliser un meilleur tri et une stratification des patients. La plupart des études réalisées sur l’insuffisance cardiaque au Burkina Faso et dans la sous-région se sont focalisées sur les aspects épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutifs. C’est ainsi que nous nous sommes proposés de stratifier le risque de mortalité dans l’insuffisance cardiaque. Nous avons proposé un score prédictif de mortalité chez les patients insuffisants cardiaques. Ce score se veut simple, accessible et applicable chez le noir africain dans les conditions à ressources limitées.

 

 

METHODOLOGIE

 

 

L’étude s’est déroulée dans l’unité d’hospitalisation du service de cardiologie du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo. Il s’est agi d’une étude de type cas-témoins menée sur une période de 24 mois (de Janvier 2017 à Décembre 2018).Nous avons colligé 54 dossiers de patients décédés au cours de l’hospitalisation pour insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite correspondant aux cas et 108 dossiers de patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite et sorties vivants correspondant aux témoins ; soit un cas pour deux témoins.

 

Critères d’inclusion

 

Pour les cas

 

Ont été inclus les dossiers cliniques des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite (présentant sur le plan clinique les signes d’IC à l’entrée et à l’échocardiographie Döppler les éléments de la dysfonction systolique) qui sont décédés au cours de l’hospitalisation.

 

Pour les témoins

 

Ont été inclus les dossiers cliniques des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite (présentant sur le plan clinique les signes d’IC à l’entrée et à l’échocardiographie Döppler les éléments de la dysfonction systolique) qui sont sortis vivants de l’hospitalisation.

 

Collecte des données 

 

 Le recueil des données était fait sur une fiche de collecte. Les paramètres étudiés sont: sociodémographiques, cliniques, paracliniques (biologiques, électrocardiographiques et échocardiographiques) et thérapeutiques.

 

Analyse statistique 

 

Les données recueillies ont été enregistrées sur ordinateur, muni du logiciel EPI data et du logiciel Microsoft 2010. L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel STATA 15. Dans le cadre de la sélection des variables indépendantes, nous avons réalisé des analyses bivariées avec des tests appropriés (khi2) pour analyser les associations et déterminer les variables à introduire dans le modèle de la régression pas à pas(courbe Roc).Le seuil de significativité a été de 5%. Puis nous avons procédé à une analyse multivariée.

 

 

 

RESULTATS

 

 

Les caractéristiques de la population d’étude

 

Les caractéristiques socio-démographiques

 

L’âge moyen de tous les patients a été de 58,24 ± 1,36 ans. L’âge moyen des cas a été de 57,38 ± 2,3 ans et celui des témoins de 58,66 ± 1,68 ans. La proportion d’hommes parmi les cas a été supérieure à celle des témoins avec un sex-ratio de 1,7 chez les cas et de 1,4 chez les témoins. L’antécédent personnel d’insuffisance cardiaque a été plus représenté chez les cas (72%) que chez les témoins (59%) (p= 0,000 et OR= 3,78). La durée moyenne globale depuis le diagnostic de l’insuffisance cardiaque était de 13,6 ± 1,6 mois (21,3 ± 3,2 mois chez les décédés et de 9,7 ± 1,3 mois chez les vivants p=0,001, OR= 4,25). Tableau 1

 

Les caractéristiques cliniques 

 

Presque la totalité des cas (92,59%) a été admis avec une dyspnée stade III et IV de la NYHA. Plus de la moitié des témoins (70%) a été admis avec une dyspnée stade III de la NYHA (p= 0, 004, OR= 2,8). La pression artérielle systolique moyenne globale a été de 106,6 ± 2,1 mmHg (elle a été de 80 mmHg ± 4,4 chez les cas et 115,4 mmHg ± 1,8 chez les témoins, p= 0, 000, OR= 6,60, IC : 3,03 -  14,36). La pression artérielle diastolique moyenne de tous les patients a étéde 69 ±1,6 mmHg. Elle a été de 54,4 ± 3.2 mmHg chez les patients décédés et de 76,4 ± 1,3 mmHg chez les patients vivants.

En analyse multivariée, l’hypotension a été associée à la mortalité (p=0,000, OR= 4,6).Tableau 2

 

Les caractéristiques paracliniques

 

La biologie

 

La créatininémie moyenne de tous les patients a été de 141,5 ± 9,3 µmol /L. Elle a été de 195,8± 22,5 µmol/L chez les patients décédés et de 114,3 ± 7 µmol/L chez les patients vivants (p=0,000   OR=8). Le DFG moyenne global pour tous les patients a été de 70,8 ± 2,7 ml/mn. Il a été de 56± 4,7 ml/mn chez les cas et de 78,2 ± 3 ml/mn chez les témoins. L’insuffisance rénale a été associée à la mortalité (p=0,001   OR= 22,8IC :3,03 -  14,36). L’hypoglycémie a été associée à la mortalité (p= 0,021 et OR= 11,7IC : 1,32 – 103,63). Le taux d’hémoglobine moyen de notre population d’étude a été de 11.6 ± 0,2 g/dl. Il est de 11.9 ± 0,2 g/dl pour les patients vivants et de  10 ± 0,3 g/dl pour les patients décédés. L’anémie a été associée à la mortalité (p=0,005,  OR= 3,59). La natrémie moyenne de notre population d’étude a été de 134,5 ± 0,6 mmol/L. Elle a été de 129 ± 1 mmol/L chez les patients décédés et de 137 ± 0,5 mmol/L chez les patients vivants. L’hyponatrémie a été fortement associée à la mortalité (p=0,000, OR=5,5IC : 2,55 – 10,79). Tableau 3.

 

Electrocardiogramme et échocardiographie-Döppler

 

Le trouble de la conduction est associée à la mortalité (p= 0,012  et OR= 2,6). La FEVG moyenne de la population d’étude était de 33 ± 0,4 % (34 ± 1,3% chez les patients décédés et 33 ± 0,8 % chez les patients vivants). Notre analyse montre que l’altération de la fraction d’éjection du ventricule gauche n’était pas associée à la mortalité (p= 0,81). La PAPS moyenne de la population d’étude était de 51,6 ± 1mmHg (52,5 ± 1,8 mmHg chez les patients décédés et de 51,2 ± 1,3 mmHg chez les patients vivants p= 0,9). La TAPSE moyenne de notre population d’étude était de 15,1 ± 0,3 mm (13,9 ± 0,6 mm chez les patients décédés et de 15,7 ± 0,3 mm pour les patients vivants, p= 0,02).

 

Le traitement 

 

Les bétabloquants étaient moins prescrits chez les cas et les témoins et non associés à la mortalité (p= 0,22). La prescription de la spironolactone est bénéfique sur la survie des patients insuffisants cardiaques (OR= -12). L’utilisation des tonicardiaques est associée à la mortalité (p= 0,000, OR  5,5).

 

L’évolution

 

La durée moyenne du séjour de notre population d’étude était de 10,2 ± 0,5 jours (11,5 ± 1,2 jours chez les cas et de 9,6 ± 0,5 jours chez les témoins, p= 0,007).

 

Les facteurs associés à la mortalité

 

Analyse multivariée des facteurs associés à la mortalité

 

En analyse multivariée par régression pas à pas, les facteurs qui étaient associés à la mortalité dans l’insuffisance cardiaque systolique étaient : le stade III de la dyspnée, l’hypotension, l’hyponatrémie et l’anémie.

Au vu des facteurs associés à la mortalité dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite, vérifiés par la régression logistique et avec une excellente spécificité et sensibilité selon la courbe roc (aire sous la courbe égale à 0,85), nous proposons un score prédictif de mortalité intra-hospitalière dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite.

 

Proposition d’un score prédictif de mortalité intra hospitalière dans l’insuffisance cardiaque systolique.

 

L’association de ces facteurs constituerait une valeur pronostique péjorative dans l’insuffisance cardiaque systolique.

Il serait souhaitable d’initier des études de cohortes multicentriques pour valider ce score et pouvoir stratifier en risque faible, modéré et élevé dont chaque model doit être vérifier par une méthode statistique.

 

 

DISCUSSION

 

 

L’objectif de cette étude est de stratifier les facteurs pronostiques au cours l’insuffisance cardiaque. Les limites de notre étude sont les suivantes : notre collecte des données étant rétrospective, nous n’avons pas pu prouver les liens entre tous les facteurs associés à la mortalité dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite décrits dans la littérature comme auraient été les études de cohorte. Et nous n’avons évalué que les facteurs associés à la mortalité en hospitalisation ; et cela ne pourra pas être extrapolé pour prédire la mortalité chez les patients sortis vivants et suivis en ambulatoire. Malgré nos limites, nous avons pu identifier les facteurs socio-démographiques, cliniques et paracliniques associés à la mortalité dans l’insuffisance cardiaque systolique. Avec ces facteurs associés à la mortalité nous avons proposé un score prédictif de mortalité simple et applicable dans les pays à ressources limités.

La durée moyenne du séjour de notre population d’étude était de 10,2jours. Les décédés  avaient un séjour moyen de 11,5 jours avec un écart type de 1,2.  Le séjour moyen des témoins était de 9,6. Le séjour moyen était respectivement  de 15 jours pour les patients décédés au Gabon [9], 17 jours au Congo [10] et 12 jours au Maroc [11].

Presque la totalité des patients décédés (92,59%) sont admis avec une dyspnée stade III et IV de la NYHA. Plus de la moitié (70%) des patients vivants sont admis avec une dyspnée stade III de la NYHA. Notre résultat est similaire à ceux de nombreuses études africaines [3,11,12]. Le stade III et IV largement retrouvé dans nos régions témoignent du diagnostic tardif et de la sévérité de l’insuffisance cardiaque. Cela pourrait s’expliquer par la pauvreté et l’ignorance, limitant ainsi l’accès aux soins aux populations les plus défavorisées. La disparité des résultats selon les différentes études s’explique par le caractère subjectif de la dyspnée.

L’hypotension est associée à la mortalité (p=0,000 ; OR= 4,6).Quelques études ont retrouvé que l’hypotension artérielle est un facteur de mauvais pronostic dans l’insuffisance cardiaque. L’hypotension multiplie par huit(08) le risque de décès dans une série gabonaise [9], par quatre(04) dans une série ougandaise [13] et en Algérie [14]. L’hypotension est un facteur de mauvais pronostic surtout lorsque celle-ci est associée à un signe de bas débit contre-indiquant ainsi les vasodilatateurs qui jouent un rôle important dans le traitement de l’insuffisance cardiaque [15,16].

L’insuffisance rénale était associée à la mortalité (p=0,001,   OR= 4,6). La plupart des études ont également fait le même constat [3,9,17,18]. Ceci va dans le même sens que les données de la littérature qui montrent que l’existence d’une insuffisance rénale entraine un excès de morbidité et de mortalité surtout chez le sujet âgé du fait des troubles hydro-électrolytiques et des perturbations de la pression artérielle [19].

L’existence d’une anémie est un facteur pronostique sévère [20].L’anémie entraine une diminution de la capacité fonctionnelle à l’effort et est souvent considéré comme un facteur indépendant de mortalité [21].

L’hyponatrémie était un facteur associé à la mortalité (p=0,000 ; OR=5,5). Cela a été confirmé par d’autres études que l’hyponatrémie est associée à un risque accru de mortalité notamment chez le sujet âgé [22,23].

L’altération de la fraction d’éjection du ventricule gauche n’était pas associée à la mortalité (p= 0,81).Beaucoup d’études africaines ont rapporté que l’altération de la FEVG était associée à la mortalité [9,13,21,24].Par ailleurs, certaines études n’ont pas retrouvé un lien entre l’altération de la FEVG et la mortalité dans l’insuffisance cardiaque   [17,25].  D’autres   études     avaient conclu que la valeur pronostique de la FEVG disparait   en   dessous   de  30%  [26,27].  Cette disparité des résultats selon les études pourrait s’expliquer  par le fait que l’évaluation de la FEVG par l’échocardiographie  soit moins fiable qu’avec les autres techniques notamment l’imagerie par résonnance magnétique nucléaire.

L’hypertension artérielle pulmonaire n’était pas associée à la mortalité (p= 0,9).Notre résultat va dans le même sens que certaine études [9].Par contre, une autre étude a retrouvé un lien entre l’élévation de la pression artérielle pulmonaire (PAPS) et la mortalité [28].

L’altération de la TAPSE ou « excursion systolique de l’anneau tricuspide » est associée à la mortalité (p= 0,02). Certaines études concluent que l’évaluation de la fonction systolique longitudinal du ventricule droit a un intérêt supérieur à la PAPS dans l’évaluation pronostic [29–31].

L’utilisation des tonicardiaques est associée à la mortalité (p= 0,000, OR  5,5). Il faut noter que cette association n’est pas directement liée à la prescription des tonicardiaques mais à l’état de choc qui fait que les tonicardiaques sont largement prescrits.

 

 

CONCLUSION

 

 

L’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite est grevée d’une lourde mortalité surtout dans les pays à ressources limitées. Ce travail nous a permis d’identifier les facteurs associés à la mortalité. Nous avons proposé un score prédictif de mortalité au cours de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite. Des études de cohortes et multicentriques permettront de confirmer ces facteurs pronostiques et déduire un score pronostic simple et applicable en routine.

 

 

Tableau 1

Les facteurs sociodémographiques associés à la mortalité

Variable indépendante

Cas (%)

Témoins (%)

p-value

Odd ratio

Antécédents d’IC

 

 

 

 

     Non 

15 (27,78%)

44 (40,74%)

 

 

Oui

39 (72,22%)

64 (59,26%)

0,000

3,78

Ancienneté IC

 

 

 

 

Inf à 1mois

15 (27,78%)

64 (59,26%)

 

 

 1 – 12 mois

8 (14,81%)

14 (12,96%)

0,091

       2,4

  13 – 24 mois

13 (24,04%)

13 (12,04%)

0,003

4,25

Sup à 25 mois

18 (33,33%)

17 (15,74%)

0,001

4,51

Séjour

 

 

 

 

0 – 7 jours

25 (46,30%)

42 (38,89%)

 

 

8 – 14 jours

13 (24,07%)

51 (47,22%)

 

 

Sup à 15 jours

16 (29,63%)

15 (13,89%)

0,007

1,79

 

Tableau 2

Facteurs cliniques associés à la mortalité

Variable indépendante

Cas (%)

Témoins (%)

p-value

Odd ratio

IC

Stade de dyspnée

 

 

 

 

 

Stade I

  00 (0%)

2 (1,85%)

 

 

 

Stade II

 4 (7,41%)

6 (5,56%)

 

 

 

Stade III

 23 (42,59%)

75 (69,44%)

0,001

2,8

 

Stade IV

  27 (50%)

25 (23,15%)

 

 

 

PAS (mm Hg)

 

 

 

 

 

0 à 90

30 (55,56%)

16 (14,81%)

0,000

6,60

3,03 -  14,36

91 à 139

21 (38,89%)

74 (68,52%)

 

1

 

140 et plus

3 (5,56%)

18 (16,67%)

0,48

0,58

0,15 -  2,18

PAD (mm Hg)

 

 

 

 

 

0  à  59

18 (33,33%)

4 (3,70%)

0,000

10,4

3,29 -  33,20

60 à 89

34 (62,96%)

79 (73,15%)

 

1

 

90 et plus

2 (3,70%)

25(23,15%)

0,027

     0,18

0,04 – 0,82

 

Tableau 3

 Eléments biologiques associés à la mortalité

Variable indépendante

Cas (%)

Témoins

p-value

Odd ratio

IC

Glycémie (mmol/L)

 

 

 

 

 

Hypoglycémie    

5 (9,26%)

1 (0,93%)

0,027

11,7

   1,32 – 103,63

Glycémienormale

38 (70,37%)

89 (82,41%)

 

 

 

Hyperglycémie

11 (20,37%)

18 (16,67%)

      0,43

 

0,61 – 3,31

DFG (ml/mn)

 

 

 

 

 

  Sup à 90

10 (18,52%)

38 (35,19%)

 

 

 

  90 à 60

11 (20, 37%)

37 (34,26%)

 

 

0,42 – 2,97

  59 à 30

18 (33,33%)

25 (23,15%)

0,033

   2,73

1,08 – 6,88

  15 à 29

  9 (16,67%)

7 (6,48%)

0,010

   4,88

1,45 -16,36

  0 à 14

  6 (11,11%)

1 (0,93%)

0,001

      22,8

   2,45 – 211,75

Natrémie (mmol/L)

 

 

 

 

 

Hyponatrémie

35 (64,81%)

  27 (25%)

0,000

    5,25

 2,55 – 10,79

Natrémienormale

18 (33,33%)

73 (67,59%)

 

 

 

Hypernatrémie

1 (1,85%)

8 (7,41%)

 

 

0,14 – 0,41

Tauxd’Hb (g/dl)

 

 

 

 

 

  0 à 10

15 (27,78%)

19 (17,59%)

 

 

 

  10 à 11

14 (25,93%)

12 (11,11%)

0,005

   3,59

 

  Sup à 11

25 (46,30%)

77 (71,30%)

 

 

 

 

Tableau 4

Analyse multivariée des facteurs associés à la mortalité

Variables

Mortalitéhospitalière

OR

p-value

[IC]

ATCD  IC

 

 

 

 

Non

        1

 

 

 

Oui

1,38

0,502

0,53

  3,58

Stade de la dyspnée

 

 

 

 

Stade I

         1

 

 

 

Stade II

  0,96

0,91

0,16

  5,48

Stade III

2,7

  0,005

0,10

  0,66

Stade IV

         1

 

 

 

PAS

 

 

 

 

0 à 90 mm Hg

4,38

0,003

1,62

11,82

90 à 139 mm Hg

        1

 

 

 

Sup à 140 mm Hg

0,74

0,709

0,15

  3,58

Clairance de la créatinine

 

 

 

 

0 à 14 ml/mn

2,74

0,438

0,21

35,26

15 à 29 ml/mn

2,59

0,222

0,56

11,96

30 à 59 ml/mn

2,27

0,145

0,75

  6,83

60 à 90 ml/mn

1,01

0,980

0,32

  3,21

90 à plus

         1

 

 

 

Natrémie

 

 

 

 

Hyponatrémie

2,95

0,017

1,21

  7,21

Natrémienormale

        1

 

 

 

hyper natrémie

1,24

0,857

1,14

12,10

Tauxd’hémoglobine

 

 

 

 

Inf à 10 g/dl

2,19

0,139

0,77

12,10

10 à 11 g/dl

3,77

0,029

1,14

12,10

11 à plus

1

 

 

 

 

Tableau 5

 Modèle de score prédictif de mortalité

Items

p-value

Points

Hypotension (PAS inf. à 90 mm Hg)

0,003

3

Stade III de la NYHA

0,005

3

Hyponatrémie

0,017

2

Anémie

0,029

2

Antécédentd’insuffisancecardiaque

0,502

1

Total

 

11 points

 

Figure 1: Courbe Lroc des facteurs associés à la mortalité en analyse multivariée.

 

 

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