Indications et résultats des épreuves d’effort : à propos de 398 cas colliges au Service de Cardiologie de la Polyclinique Koira Kano.
Indications and results of stress test about 398 cases collected at the Cardiology Department of the Koira Kano Polyclinic.
H IDRISSAˡ ⁴, AM MALIKIˡ, DODO B³ ⁴, F OUMAROUˡ , H HAROUNAˡ ⁴, DJIBO ADAMOU Aˡ, M DJIBRILLOU²,
IDRISSA² S, MASENGESHO MIDAGOˡ J, TEUMAFO NGNEJIOˡ F L, BIGA Aˡ, SALIFOUˡ H, AI TOURE³.
RESUME
Introduction : L’épreuve d’effort permet d’évaluer non seulement la réserve coronarienne mais aussi les adaptations tensionnelle, chronotrope et rythmique du cœur. L’objectif de ce travail était d’évaluer les indications et les résultats des épreuves d’effort dans le diagnostic de la maladie coronaire ainsi que les autres cardiopathies mais aussi dans l’aptitude de reprise d’activité physique.
Méthodologie : Il s’agissait d’une étude rétrospective de janvier 2015 à février 2020 portant sur 398 épreuves d’effort réalisées à la polyclinique Koira Kano. Ces épreuves étaient réalisées sur bicyclette ergométrique selon le protocole de Bruce, débutant par une charge de 30 watts, qui était incrémentée de 30 watts toutes les trois minutes.
Résultats : La population était composée de 72,1% d’hommes (287) et 27,9% de femmes (111) avec un sex-ratio (H/F) de 2,6. L’âge moyen était de 46,5±11,5 ans avec des extrêmes de 40 et 72ans. La tranche d’âge la plus représentée était celle de 48 à 58ans. Les indications prédominantes étaient, les précordialgies avec 31,9% (127), bilan d’effort/reprise d’activité physique 10,6% (42), diabète type 2 6,3% (25) la cardiopathie ischémique avec 2,6% (11). La précordialgie était l’indication la plus fréquente aussi bien chez les hommes que les femmes. L’épreuve d’effort était négative dans 90,2% des cas et positive dans 9,8% des cas. Nous avions enregistré 76,1% d’épreuve maximale à 85% de la FMT et 23,9% sous-maximale à 85%de la FMT. Au cours de l’étude nous n’avions répertorié aucun accident. Mais nous avions noté 42 incidents à types de : malaise vagale et tachycardie supra –ventriculaire mal tolérée.
Conclusion : L’épreuve d’effort est un examen clé en cardiologie pour le diagnostic de l’ischémie myocardique et l’évaluation fonctionnelle dans la reprise d’activité physique. Elle permet de sélectionner les patients pour la coronarographie surtout que cette dernière reste coûteuse dans notre contexte.
MOTS CLES
Epreuve d’effort, Insuffisance coronaire, Polyclinique Koira kano.
SUMMARY
Introduction: The stress test not only evaluates the coronary reserve but also blood pressure chronotropic and rhythmic adaptations of the heart. The objective of this work was to evaluate the indications and results of stress tests in the diagnosis of coronary artery disease and other heart diseases.
Methodology: This was a retrospective study from January 2015 to February 2020 involving 398 stress tests performed at the Koira Kano Polyclinic. These tests were performed on an ergometric bicycle according to a protocol starting with a 30-watt load, which was incremented by 30 watts every three minutes.
Results: Our population was made of 72.1% men (287) and 27.9% women (111). The predominance was male with a sex ratio (M/F) of 2.6. The mean age was 46.5±11.5 years with extremes of 14 and 72 years. The most represented age group was between 48 and 58 years of age. The predominant indications were precordialgia with 31.9% (127), physical activity effort/restart of physical activity 10.6% (42), type 2 diabetes 6.3% (25), and ischemic heart disease with 2.6% (11). Precordialgia was the most frequent indication in both men and women. The stress test was negative in 90.2% of cases and positive in 9.8% of cases. We recorded 76.1% of the maximal test at 85% of FMT and 23.9% sub- maximal at 85% of FMT. During our study, we did not record any accidents. However, 42 incidents of vagal discomfort and supraventricular tachycardia were recorded.
Conclusion: The stress test is a key test in cardiology for the diagnosis of myocardial ischemia. It allows the selection of patients for coronary angiography, since it remains expensive in our context.
KEY WORDS
Stress test-coronary Insufficiency- Polyclinic Koira Kano.
Université d’Antananarivo, Faculté de Médecine d’Antananarivo, Centre Hospitalier Soavinandriana, Service des Maladies Cardiovasculaires et de Médecine interne, Antananarivo-Madagascar
1. Institut de Cardiologie d’Abidjan, Côte d’Ivoire
2. Service d’Imagerie du Centre Hospitalier Universitaire de Angré Côte d’Ivoire.
Adresse pour correspondance
Alda Randriantsoa
Tel : +261349939739
INTRODUCTION
L’épreuve d’effort (EE) consiste en un exercice maximal ou limité par les symptômes, avec enregistrement continu d'un électrocardiogramme, de la pression artérielle (PA) et d'autres variables cliniques [1,11]. Elle reste un examen clé en cardiologie pour le diagnostic de l’ischémie myocardique (maladies des artères coronaires), pour l’évaluation clinique des autres cardiopathies (congénitales, ischémiques, valvulaires, cardiomyopathies, l'insuffisance cardiaque, les troubles du rythme et de la conduction, le réglage des stimulateurs, l'hypertension artérielle pulmonaire, la précordialgie) et dans le bilan de reprise d’activité physique [1 ,2 ,3].
Selon GERS-P (Groupe – Exercice – Réadaptation – Sport – Prévention) de la Société française de cardiologie le diagnostic de la maladie coronaire reste une indication majeure du test. L'interprétation de l'examen est particulièrement importante, elle doit être multi variée et aboutir à une conclusion indiquant le niveau de probabilité faible, intermédiaire ou forte en faveur de lésions coronaires en tenant compte de la population explorée, des facteurs de risque, l'âge, du sexe et des symptômes [2]. De nombreuses nouvelles indications sont maintenant parfaitement définies et concernent l'évaluation précise du pronostic de toutes les cardiopathies ; dans cette indication, l'utilisation de la mesure des gaz expirés est hautement souhaitable [1,2,3]. La réalisation d'une épreuve d’effort (EE), quelle que soit son indication, impose toujours des conditions techniques et de sécurité optimales. La structure d’accueil doit disposer d'une unité de soins intensifs de cardiologie, car l’examen peut causer la survenue d’une complication en particulier cardiovasculaire pouvant engager le pronostic vital ; bien que rare [2].
Le matériel d'épreuve d'effort (tapis roulant, bicyclette ergométrique) doit être régulièrement étalonné. Le matériel médical de surveillance des EE doit être conforme aux normes en vigueur et comporter : un appareillage d'électrocardiographie (ECG) d'effort permettant d'enregistrer 12 dérivations, dont au moins trois de manière simultanée. Ce système doit permettre un monitorage visuel permanent de l'ECG pendant l'effort et la récupération [2].
PATIENTS ET METHODES
Il s’agissait d’une étude rétrospective descriptive menée de décembre 2015 à février 2020, soit une durée de 61 mois à la polyclinique Koira Kano, notre échantillon était constitué de 398 cas.
Etaient inclus dans notre étude les patients ayant bénéficié d’une épreuve d’effort et qui ont été enregistrés dans le registre d’épreuve d’effort.
La collecte des données a été réalisée à l’aide d’une fiche d’enquête préétablie. Les logiciels microsoft office 2010 (Word, Excel, Power point) et Epi info dans sa version 7.2.2.6 nous ont permis l’analyse et traitement de nos données.
RESULTATS
Le sexe masculin était prédominant avec 72,1% contre 27,9 % pour le sexe féminin avec un sex-ratio H/F de 2,6.
La tranche d’âge 48-58 ans représentait 40,5% des patients. L’âge moyen des patients était de 46,5 ans ± 11,5 avec des extrêmes de 14 et 72 ans (Tableau 1).
La précordialgie était l’indication la plus fréquente de l’épreuve d’effort dans 31,9% des cas suivi du bilan de reprise d’activité physique et le diabète type 2 avec respectivement 14,9% et 6,3% des cas. La précordialgie était l’indication la plus fréquente aussi bien chez l’homme (32,4%) que chez la femme (30,6%) (Tableau 2).
L’épreuve d’effort était négative dans 90,2% des cas et positive dans 9,8% des cas (Figure 1).
L’épreuve était négative chez 259 hommes soit (90,2%) et 99 femmes soit (89,2%).
Elle était positive chez 25 hommes soit (8,7%) et chez 14 femmes soit (12,6%) (Tableau 3).
L’épreuve était maximale à 85% de la fréquence maximale théorique (FMT) dans 76,1% des cas et sous maximal dans 23,9% des cas (Tableau 4).
L’épreuve d’effort était arrêtée dans 96,2% des cas pour fatigue musculaire et 3,8% des cas pour critères d’arrêts exclusivement (Tableau 5).
Il était survenu un incident lors de l’épreuve d’effort chez 42 patients.
Les incidents étaient à type de malaise vagal et de tachycardie supra-ventriculaire mal tolérée (Tableau 6).
DISCUSSION
Les hommes représentaient 72,1% de la population enquêtée contre 27,9% pour les femmes. Ces résultats sont similaires à ceux de Tahirou I et al. [4] au Niger, Branly et al. [5], Hassan M et Mertes PM [6] au Sénégal qui retrouvaient également une prédominance masculine avec respectivement 56,80 %, 87 %, 91 %. Par contre les résultats sont inférieurs à ceux de Idrissa H et Comabani F qui retrouvaient 74, 68% d’hommes et 25,32% de femmes [7, 8] dans leurs travaux. Cette prédominance masculine pourrait s’expliquer par la protection conférée aux femmes des œstrogènes contre les maladies cardiovasculaires et, en particulier la maladie coronaire[3].
La tranche d’âge comprise entre 48-58 était la plus présentée avec 40,6%. La moyenne d’âge était de 46,5±11,5 ans avec des extrêmes de 14 et 72 ans.
Ce résultat est superposable à celui de Comabani F du Sénégal qui rapportait un âge moyen de 45,63±15,73[ 8].
La prédominance de cette tranche d’âge pourrait s’expliquer par la survenue précoce de la pathologie cardiovasculaire dans notre population et l’augmentation de la fréquence de la pathologie cardiovasculaire avec l’âge.
Les principales indications étaient dominées par les précordialgies, bilan de reprise d’activité physique, les cardiopathies ischémiques, le diabète type2. L’indication la plus fréquente était la précordialgie dans 31,9% des cas. Ces données sont similaires à ceux de l’étude d’Idrissa H. qui rapportait des indications telles que : l’angor stable, les précordialgies, les tests d’effort et le syndrome de Wolff Parkinson White [7]. Nos résultats sont inférieurs à ceux de Tahirou I et al. [4] ou la précordialgie atypique était le motif de réalisation de l’examen le plus fréquent, retrouvée chez 27 patients (72,97%).
Leur prédominance s’expliquerait par la gêne liée à ces différentes manifestations cliniques d’où la fréquence élevée des consultations en vue d’une recherche étiologique et pour les patients souhaitant reprendre des activités sportives.
Dans 90,2% des cas les résultats étaient négatifs et positifs dans 9,8%.
Ces résultats sont similaires à ceux retrouvés par Tahirou et al.[4] où l’EE était négative dans 81,08 % des cas et positive dans 8,11 % des cas.
On notait une prédominance masculine dans 12,6% contre 8,7% de femmes.
Cette prédominance masculine est la conséquence du risque d’athérosclérose beaucoup plus élevé chez l’homme par rapport à la femme [10]. L’épreuve d’effort était maximale dans 76,1% des cas et sous-maximale dans 23,9% des cas. Nos résultats sont différents de ceux de Tahirou I et Tapsba TL [4, 12] qui trouve un effort maximal chez 43,24 % des patients contre 56,76 % d’effort sous-maximal et de Drissa H et al. [9] qui trouve 58 % d’effort maximal contre 42 % d’effort sous-maximal. Ces efforts sous-maximaux constatés au cours de l’étude pourraient s’expliquer par le fait que certains patients n’avaient pas respecté le délai d’arrêt du traitement anti angineux, par l’incapacité physique d’autres patients à atteindre leur FMT et aussi par la survenue d’une symptomatologie douloureuse au cours de l’effort. L’épreuve d’effort était arrêtée dans 96,2% des cas pour fatigue musculaire et pour critère d’arrêt dans 3,8% des cas. Tahirou I et al.[4] avait retrouvé dans leur série que l’épuisement musculaire est la principale raison de l’arrêt de l’EE dans 62,16 % des cas, suivi de la précordialgie dans 21,62 %. Cela montre que la plupart de ses patients étaient peu entraînés, donc incapables de mener une EE à terme.
Les incidents survenus (42) étaient à type de malaise vagal et de tachycardie supra-ventriculaire mal tolérée. Aucun accident n’avait été répertorié. Ceci prouve une relative bonne innocuité des épreuves d’effort si elles sont effectuées selon les normes.
CONCLUSION
L’épreuve d’effort est un examen clé en cardiologie pour le diagnostic, l’évaluation de l’ischémie myocardique et l’évaluation cardio-vasculaire pour la reprise d’activité physique. C’est un examen à moindre risque s’il est réalisé dans les conditions optimales. Elle permet de sélectionner les patients pour la coronarographie surtout que cette dernière reste coûteuse dans notre contexte.
Tableau 1
Répartition selon la tranche d’âge
Tranche d’âge |
Nombre |
Pourcentage |
Inférieur à 15 ans |
3 |
0,8 |
15-25 ans |
12 |
3,0 |
26-36 ans |
72 |
18,1 |
37-47 ans |
94 |
23,6 |
48-58 ans |
161 |
40,5 |
59-69 ans |
53 |
13,3 |
70-80 ans |
3 |
0,8 |
Tota |
398 |
100 |
Tableau 2
Répartition selon l’indication de l’épreuve d’effort
Indication de l’épreuve à d’effort |
Nombre |
Pourcentage |
Précordialgie |
177 |
31,9 |
Bilan d’effort, reprise d’activité physique |
59 |
14,9 |
Diabète de type 2 |
25 |
6,3 |
Dyspnée d’effort |
17 |
4,3 |
Diabète/HTA |
15 |
3,8 |
Cardiopathie ischémique |
11 |
2,8 |
Ischémie sous-épicardique |
9 |
2,3 |
Angor stable |
7 |
1,8 |
Palpitation |
6 |
1,5 |
Perte de connaissance |
2 |
0,5 |
Hyperexcitabilité ventriculaire |
1 |
0,3 |
Tableau 3
Répartition des résultats de l’épreuve d’effort selon le genre
Epreuve d’effort |
Féminin |
Masculin |
||
|
N |
% |
N |
% |
Négative |
99 |
89,2 |
259 |
90,2 |
Positif |
12 |
12,6 |
28 |
8,7 |
Total |
111 |
27,9 |
287 |
71,4 |
Tableau 4
Répartition des résultats selon la FMT
Epreuve |
Nombre |
Pourcentage |
Maximale à 85% |
303 |
76,1 |
Sous maximale inférieur à 85% |
95 |
23,9 |
Total |
398 |
100 |
Tableau 5
Raison d’arrêt de l'épreuve d’effort
Arrêt de l’épreuve |
Nombre |
Pourcentage |
Fatigue musculaire |
383 |
9622 |
Critères d’arrêt |
15 |
3,8 |
Total |
388 |
100 |
Tableau 6
Répartition selon les incidents et accidents survenu lors de l’épreuve
Incident/ accident |
Nombre |
Pourcentage |
Incident |
42 |
100 |
Accident |
00 |
00 |
total |
42 |
100 |
REFERENCES
1. Marcadet DM. Nouvelles recommandations concernant la pratique des tests d'effort en cardiologie. Presse Med. Vol 48 (12), December 2019, P 1387-1392
2. Chevalier L, Guy J.M, Doutreleau S. Place de l’épreuve d’effort chez le sportif. Ann Cardiol Angeiol (Paris). 2018; 67:361-364
3. Cohen-Solal A. Apports des épreuves d'effort dans l’évaluation de l'insuffisance cardiaque. Rev Méd Interne. 1997 ; 18(SuppI5):406s-407s
4. Tahirou I, Moussa I, Ada A et al. Analyse des résultats préliminaires de scintigraphie myocardique réalisée à l’institut des radio-isotopes (IRI) du Niger. À propos de 37 cas. Médecine Nucl. 2012 ;36(10) :591–9.
5. Branly F, Marie PY, Brouant B, et al. Valeur pronostique des tomoscintigraphies myocardiques d’effort au thallium-201 : influence du traitement anti angineux. Med Nucl. 1998; 22: 199–206.
6. Hassan N, Mertes PM. Le myocarde non-viable détecté par la tomoscintigraphie au thallium-201, est un déterminant essentiel de l’augmentation de la sécrétion des peptides natriuretique cardiaques. Med Nucl. 2000 ; 24:303.
7. Idrissa H. Epreuve d’effort : indications et résultats: à propos de 154 cas colligés au service de cardiologie du CHU Aristide le Dantec. Mémoire de biologie et de médecine de sport, Dakar : Université Cheick Anta Diop ; 2014, n°1030, 68p.
8. Comabani F. Epreuve d’effort standard : indications et résultats : à propos de 154 cas colliges au service de cardiologie du CHU Aristide le Dante de Dakar. Thèse méd., Dakar, université Cheik Anta Diop, N94 ; p134
9. Drissa H, Zaouali R M, Medded I et al. Diffusion des lésions coronaires et dépistages des atteintes tronculaires dans l’infarctus du myocarde postérieur. Med Magreb 1991 ; p29.
10. Al-Housni MB, Hutchings F, Hinton-Taylor S, et al. Myocardial perfusion scintigraphy using exercise stress is compatible with an efficient, high-volume service. April 2004. NUCL MED COMMUN 25(4)
11. Dany-Michel Marcedet, Bruno Pavy, Gilles Bosser et al Recommandations de la société Française de cardiologie pour les épreuves d’effort.
12. Tapsoba TL et al. Place de la scintigraphie myocardique dans le bilan des pathologies cardiaques au centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) : à propos de 73 cas colligés d’avril 2012 à décembre 2013. Médecine Nucléaire 39S (2015) e47-e54